Une plage de sable blanc dotée de brumisateurs et d'un coin de verdure, des radeaux pour tenter l'aventure ou se croire en croisière...Bienvenue sous Latitude 48. L'aménagement d'été du bassin d'Austerlitz, sur la presqu'île Malraux, est une invitation au voyage. Son point de mire est sa cascade de 12 mètres de haut, prouesse technique et œuvre contemplative.
Question hauteur, on a fait mieux. Que sont 12 mètres comparés aux 142 mètres auxquels culmine la flèche de la cathédrale ? Mais 12 mètres de cascade d'eau bruissante, sortis ex-nihilo de l'ancien port de Strasbourg, se déversant sur une structure métallique d'une vingtaine de tonnes, ça fait ralentir le passant.
Qu'est-ce qui se cache derrière cet échafaudage noir posé au milieu du bassin d'Austerlitz, devant la médiathèque Malraux, à quelques mètres de la plage? « Cette cascade est un monolithe d'eau, qui met l'eau en mouvement et qui rafraîchit l'espace : c'était exactement notre vision du projet », se réjouit Michel Amann, auteur du projet et directeur créatif de l'entreprise Crystal.
Une sculpture d'eau
Cette société francilienne conçoit et réalise des solutions techniques et artistiques pour des événements ou des installations pérennes, travaillant principalement l'eau, la glace, les effets spéciaux et les décors. Elle a été choisie par la municipalité pour aménager le bassin d'Austerlitz dans la cadre de Latitude 48, la plage éphémère et urbaine du centre de Strasbourg.
« On souhaitait faire une installation belle, simple et contemplative, mais aussi ludique, tout en tenant compte des mesures sanitaires en vigueur. La matière première de la sculpture, c'est l'eau du bassin », poursuit Michel Amann, qui avait repoussé l'idée d'un jet d'eau ou d'un tunnel d'eau, jugés insuffisamment contemporains pour cet espace qui a conservé son empreinte industrielle.
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Quatre mètres immergés
« Si on avait monté cette tour sur une place, on n'en parlerait même pas ! Mais là, c'est sur l'eau... » Les passants se souviennent des importants moyens mis en œuvre pendant trois semaines au mois de juin pour réaliser l'échafaudage de la cascade : une grue de 250 tonnes pour la monter en plusieurs éléments, des plongeurs et des scaphandriers pour travailler sous l'eau...
Le bassin a été sondé, sa portance a été mesurée pour que le bassin ne soit pas abîmé par le poids de la structure. Celle-ci repose donc sur douze plots suffisamment larges pour éviter qu'ils ne s'enfoncent dans le sol. D'une hauteur totale de 16 mètres, la structure en a quatre totalement immergés. Cette sorte d'échafaudage a ensuite été équipé de mécanismes pour générer la cascade et d'appareils d'éclairage. Car à partir de 21h, elle sera illuminée de couleurs changeantes.
Aventure ou croisière ?
Si cette cascade s'inscrit très bien dans son environnement, selon Michel Amann, c'est qu'elle ne constitue pas un geste isolé. Centre d'attraction, elle est aussi au centre du bassin, et les plus téméraires (ou curieux) pourront s'en approcher en radeau. Exit les pédalos qui existaient les années précédentes, pour cause de manutention trop importante pour leur désinfection. Place cette année à quatre radeaux d'une capacité de six personnes, entre aventure et mini-croisière.
Il faudra tirer sur des cordes pour se déplacer d'un bord à l'autre du bassin. Aux abords de la cascade, on profitera de sa fraîcheur. « C'est encore une fois l'idée de quelque chose de simple, qui rapproche les gens. » La balade sur l'eau dure environ 10 minutes, mais tout dépend de l'équipage. « On a remarqué que les gens vont très rapidement de l'autre côté et qu'ils reviennent plus lentement. »
Voyage immobile
La cascade est certes le point fort de l'aménagement estival face à la médiathèque Malraux, mais pas le seul : Latitude 48 est une invitation au voyage, selon Guillaume Libsig, adjoint à la vie associative, l'animation urbaine et la politique événementielle. Avec une plage de sable blanc, des brumisateurs pour assurer de la fraîcheur et des plantations pour apporter de l'ombre. « La fonction de ce site est d'attirer ceux qui ne pourront pas partir cet été », poursuit l'élu, attentif à « l'équité territoriale » : chaque habitant doit avoir accès aux offres de la ville en matière d'animations. Toujours pour des raisons sanitaires, aucun transat ne sera mis à disposition, mais chacun est libre d'apporter son matériel.
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Plus de 500 artistes présents
En proposant une plage éphémère plutôt que pérenne, facilement accessible à tous, la ville de Strasbourg mise sur le pouvoir d'attraction que représente un tel événement. « Ici, on veut permettre du lien social. » D'ailleurs, Latitude 48 ne sera pas seulement une plage où se reposer, les pieds dans le sable au bord d'un bassin, mais aussi un lieu de spectacles. « 550 artistes locaux ont répondu à notre appel à manifestations d’intérêt pour les 175 spectacles qui se dérouleront tout l'été, dont ceux des vendredis soirs à Latitude 48 », poursuit l'adjoint à la maire.
Baptisé Place de la liberté de penser, ce nouvel espace est aussi une invitation à rêver. En écoutant par exemple l'expérience sonore immersive imaginée par l'équipe de Michel Amann, chez Crystal, et le scénariste Jean Muckensturm : il y est question du chant de l'eau (QR code à flasher). On se perd alors dans le mouvement infini de la cascade. Et on prend soi-même de la hauteur...
Lucie Michel
Y ALLER
Presqu'île Malraux (côté médiathèque Malraux), bassin d'Austerlitz. Jusqu'au 29 août 2021, tous les jours de 14h à 20h. Ambiance musicale acoustique les vendredis de 18h à 20h. Mise en lumière à partir de 21 h. Plage surveillée, port du masque obligatoire sur la plage et sur la base nautique, excepté pour les enfants en bas âge. Programme sur ete-strasbourg.eu. Prochain concert : Haqibatt, 16 juillet à 18 h. Gratuit.