Née à Hochfelden en 1930, Jeanne Loesch est une encyclopédie vivante du patrimoine alsacien. A 88 ans, toujours aussi dynamique et pimpante, son bonheur est de partager ses connaissances. En décembre, comme depuis de très nombreuses années, elle anime la croisière thématique de Batorama sur le Noël d’antan, l’une exclusivement en alsacien, l’autre en français. Nous lui avons posé quelques questions.
D’où vous vient cet amour de l’Alsace ?
Je suis née en Alsace dans une famille qui aimait raconter sa région. Il ne m’en a pas fallu plus pour aimer à mon tour ma terre natale. Quand je reviens à Strasbourg après un déplacement, mon premier regard est pour la Cathédrale. Je me dis, elle est encore là, tout va bien. Si ma famille m’a insufflé cette soif d’en savoir plus, c’est tout particulièrement à mon arrière-grand-père, mon « papepa », que je dois l’envie de partager. Il était imbattable pour me raconter des histoires sur les plantes, les herbes, les animaux.
Comment se passaient les fêtes de Noël dans votre famille quand vous étiez enfant ?
Chaque famille avait ses traditions et des circonstances qui influaient ses traditions. Les fêtes de Noël n’étaient pas les mêmes à la ville qu’à la campagne, dans une famille de cordonnier ou de boucher. A la campagne par exemple, il n’y avait que rarement un sapin de Noël, où donc aurions-nous pu l’acheter ? En revanche, à l’époque et dans toutes les familles, la période de l’Avent était un temps consacré à la tranquillité et un temps de carême, non pas parce que nous n’avions pas les moyens, mais parce que c’était ainsi. L’Avent était un temps d’attente… d’où le terme « Avent ». L’attente, le mystère, la préparation des cadeaux de Noël en cachette des enfants, tout cela faisait partie de l’Avent. Le plus important était donc de savoir attendre. A cette période de l’année, mon plaisir, et celui des enfants en général, était d’ouvrir la boîte à chaussures dans laquelle étaient soigneusement entreposés les sujets de la crèche, de défaire le papier de soie et d’en extraire délicatement le Christkindel*, Marie, Joseph et les animaux de la ferme. Et enfin, le soir de Noël, avant de nous rendre à la messe de minuit, nous dégustions tous ensemble un chocolat chaud.
Quel est votre plus beau souvenir de Noël ?
En 1963, maman m’a offert un Noël incroyable dans le cadre d’un voyage organisé en Jordanie. J’ai ainsi pu passer le soir de Noël à Bethléem. En visitant Amman, la capitale de la Jordanie, le groupe a été invité à prendre le café dans le Palais Royal.
Mon second meilleur souvenir remonte à mon enfance. L’agneau que nous avions pour habitude de déposer dans la crèche avait perdu une patte. Mon père nous a dit, à ma sœur et moi, que si nous étions sages, l’agneau regagnerait sa patte manquante pour le Noël suivant. Et au Noël suivant, ledit agneau avait effectivement recouvré une patte… papa l’avait remplacée par une allumette.
Quel est votre plaisir de partager votre Noël d’antan avec les passagers de Batorama ?
Mon plaisir est de faire plaisir à mes interlocuteurs et de faire l’éloge de ma ville. Voir les yeux de mes interlocuteurs pétiller est mon plus grand bonheur. Quand j’anime la croisière « Noël d’antan », je raconte l’histoire intime de ma famille pour partager des choses simples, le souvenir des Noël authentiques.
Traduction : (1) Christkindel : enfant Jésus.