Il y a déjà quelques semaines, on vous parlait avec enthousiasme du retour très attendu du festival Contre-Temps à Strasbourg. Pendant dix jours, du 15 au 25 juin, des dizaines de chanteurs, musiciens et artistes locaux ou internationaux se succéderont au fil des jours et des nuits pour proposer une ribambelle de concerts aux 4 coins de la ville, plein air ou dans des salles de concert. Sonorités du monde, percussions, chant, cuivres, musiques électroniques et mélodies électriques, il y en aura pour tous les goûts et toutes les sensibilités.
Le but de ce festival est de renouer avec la scène et son publique pour profiter ensemble de ces moments de fête sans barrière qui nous avaient tant manqués. On commence d’entrée de jeu avec les fameuses Pelouses Sonores qui marquent, depuis 16 ans maintenant, le début de ce festival. Entre deux préparatifs, le boss du festival, Stéphane Robinot, nous a accordé un peu de temps pour discuter ensemble de l’édition 2022.
Depuis 2004, Stéphane Robinot dirige avec passion le plus important festival de la ville. Festival itinérant se déplaçant de salle en salle et de parc en parc, il nécessite une organisation et une logistique de tous les instants, et cette année, après deux ans de pause, les circuits ont peut-être été un peu rouillés. Mais la motivation et l’envie sont plus présentes que jamais et poussent les équipes à aller plus loin, l’édition 2022 s’annonce épique. Qui de mieux que le programmateur pour en parler ?
Qu’est-ce que ça fait de voir enfin revenir le festival et tout ce que ça implique ?
Au début, ce n’était pas simple… Après deux ans d’interruption, on pensait que la machine était un peu rouillée, mais finalement, tout est allé naturellement. On a aussi un peu d’appréhension, c’est certain, relancer un projet si vaste après deux ans de pause c’est toujours un défi. Il faut reconnecter avec un certain public d’habitués, en convaincre un nouveau qui ne nous connaît pas, tout ça en étant à fond. Il y a aussi le contact avec les bénévoles, il est très important et forcément, on l’a perdu, à nous de les accompagner et de retrouver leur confiance.
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Qu’est ce qui va changer cette année, quelles sont les nouveautés ?
Dans les grandes lignes, on garde l’ADN de ce qui a fait le succès des années précédentes : beaucoup de concerts en plein air, une grande diversité d’artistes venus de France et du monde entier, et une mise en avant des artistes locaux peut-être un peu plus poussée que les autres années. Mais la nouveauté, ce sont surtout ces nouvelles salles qui nous accueillent, le Studio du Rhin et le Maillon où l’on fera notre soirée de clôture, mais j’en oublie sûrement. Et puis pouvoir organiser des concerts gratuits dans des parcs avec un public très varié les pieds dans l’herbe, c’est quand même vachement cool !
Qu’est-ce qui rend le festival si spécial, pourquoi il est différent des autres ?
Déjà le fait qu’on soit dessus depuis déjà un petit moment…sinon peut-être le fait qu’on soit un festival sur une période longue mais surtout qu’on soit sur plusieurs sites, 12 au total je crois. En fait, ça m’amène à penser que ce qui nous différencie vraiment, c’est qu’on va au-devant des Strasbourgeois, on se déplace au plus près et dans tous les quartiers de la ville. La Chambre, Le Molodoï, La Kulture, le TNS, le Fat, l’Espace Django et pleins d’autres encore. Ils nous font tous confiance et c’est une chance de pouvoir s’entendre avec tout le monde.
Finalement, c’est quoi la recette du succès du Contre-Temps ?
Que ce soit gratuit, ça, c’est sûr et certain, forcément ça brasse du monde et ça rend curieux. Mais surtout, c’est un festival grand public, ça, c’est important. On touche tout le monde, toutes les catégories sociales, dans tous les quartiers. Pendant 10 jours, on va partout et tout le monde peut profiter d’artistes Techno, Jazz, funk, disco, rap, fusion, rock… En fait, c’est une immense fête populaire pour tous et c’est vachement fédérateur. On a aussi bien des enfants que des anciens, et les anciens sont aussi bien dans le public que sur scène et ils donnent tout. Il y a aussi la motivation des bénévoles, sans eux, on n'est pas grand-chose. On a la chance d’avoir une ambiance de folie entre nous et ils sont tous surmotivés.
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Quels sont tes coups de coeur pour cette année ?
C’est trop difficile à répondre, je n’ai jamais pensé à ça… moi mon coup de cœur c’est ce mélange de genre justement, ce petit truc qui te fait dire que tout roule quoi, et quand tout le monde marche avec toi c’est juste génial. Il y a une sorte d’esprit contre temps, je ne sais pas comment le dire, mais je le ressens en tout cas. Réussir à faire venir des artistes du monde entier, des pointures dans leur genre comme Grand Master Flash ou Karl Craig… et les faire jouer sur les mêmes scènes que des artistes locaux ou des percussionnistes des Caraïbes, c’est quand même une performance et tout le monde répond présent.
Qu’est ce qui te pousse à relancer la machine depuis tant d’années ?
Je ne sais pas comment on fait pour être encore là honnêtement. Plus sérieusement, ça fait un peu cliché mais je dirais peut-être que c’est le rebut des gens, aussi bien du public que des artistes et des bénévoles. Année après année c’est comme une partie de ping-pong, tu lances la balle et si on te soutient, on la renvoie, et pour l'instant la balle est dans notre camp. Je suis conscient que c’est quand même une sacrée chance. On a aussi de nouveaux partenaires (et quels partenaires), il y a de la fraicheur dans l’air, de la nouveauté, du soutien, et quand toutes les énergies positives sont là tu continues quoi, tu ne te poses pas trop de question finalement.
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Auteur : Bastien Pietronave