Brasseries traditionnelles et micro-brasseries offrent des déclinaisons classiques ou audacieuses de cette boisson emblématique de l’Alsace. En fonction des saisons et des inspirations des brasseurs, vous trouverez des bières de mars, de Noël, des bières d’été, des cuvées spéciales… Mais quelles sont les origines de la bière d’Alsace ?
Elle figure parmi les spécialités alsaciennes incontestées et se savoure fraîche ou chambrée, été comme hiver. A Strasbourg ou ailleurs, on l’apprécie sur une terrasse, dans une Winstub, ou chez soi… Et bientôt, elle sera à découvrir à bord des bateaux-promenades Batorama qui circulent sur l’Ill !
Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour en savoir plus : Facebook et Instagram.
Nature ou agrémentée d’une liqueur, d'un sirop ou d’une limonade (“ohne oder met” diront les spécialistes, parlant de l’amer à ajouter à la boisson), elle est aujourd’hui emblématique de l’Alsace. Ce breuvage fermenté qui remonte à la nuit des temps, c'est… la bière !
Omniprésente dans la région et hors des frontières, la bière alsacienne domine, aujourd’hui et depuis plusieurs années, le marché français, avec 60% de la production nationale.
Produit phare parmi les spécialités alsaciennes
Consommée hors d’Alsace, elle reste dans la région l’une des spécialités qu’il est agréable de faire découvrir aux touristes et visiteurs de passage. Servie à la pression ou en bouteille, la bière d’Alsace se marie évidemment à merveille avec de nombreux plats régionaux et recettes du terroir. Elle est servie avec les tartes flambées, la choucroute, les spécialités à base de pommes de terre, les assiettes de charcuterie, etc. D’autres associations sont à (re)découvrir : avec les produits de la mer (bière blanche), les grillades (bière ambrée), les fromages ou les desserts (bière brune).
Et vous, avec votre Kougelhopf, vous buvez quoi ?
[LIRE AUSSI >> Le kougelhopf, un emblème de l’Alsace]
Pour que votre table soit aux couleurs locales, prêtez aussi attention au bocal ! Traditionnellement, la bière d’Alsace est servie dans des chopes en terre cuite, en grès, en faïence ou en verre transparent (bocks à bière). Les puristes et les collectionneurs apprécient ce type de vaisselle traditionnelle, ancienne ou rare, fabriquée en série limitée ou faite à la main.
Plus classiques, les verres, avec ou sans pied, adoptent des formes droites - comme les verres de pils - ou évasées en coupe ou calice, en tulipe… Le rendu des arômes et la quantité de mousse ne seront pas les mêmes en fonction de la forme du verre et de sa température.
A consommer en toute saison
La bière d’Alsace se décline toute l’année, en des bières de saison. Présente dans les fêtes de village, du nord au sud de la région, cette boisson au pétillant discret et à la mousse généreuse est célébrée lors de fêtes dédiées (Oktoberfest) et donne lieu à des dégustations, des sélections, des élections...
Vous trouverez le détail des événements alsaciens pour l’année 2024 ici.
Mais d’où viennent cette passion et cette tradition ?
Les origines de la bière d’Alsace
Avant les Lager, Bitter, la Pils de Bohème ou la Cervoise gallo-romaine, la bière était la boisson des barbares du nord de l’Europe. Il y a plus longtemps encore, des représentations égyptiennes attestent déjà d’activités brassicoles. En Mésopotamie et en Chine, la fabrication et la consommation de bières, à base de diverses céréales, remontent à près de 6000 années. Vin d'orge, bière de riz, boisson au millet… ont continué d’exister et permis le développement de la recette de la bière d’Alsace.
Parmi les grandes étapes : l’apport des Gaulois, inventeurs du tonneau en bois qui a permis la conservation et le transport des cervoises (cette dénomination est une référence à Ceres, déesse romaine des moissons, de l’agriculture et de la fertilité).
Ensuite, les moines disposaient du monopole de la fabrication de la bière, accordé par Charlemagne. A Strasbourg, au Xème siècle, c’étaient les religieux de la Cathédrale qui brassaient.
[LIRE AUSSI >> Dans les coulisses des “bretzeliers” alsaciens]
Impasse de la bière, à Strasbourg
La première brasserie artisanale a vu le jour dans l'actuelle impasse de la Bière (près de la rue des Frères) en 1259-1260. C’est Arnoldus Cervisarius qui l'a fondée.
Quelques années plus tard, le corps de métier de brasseur est créé et dans la capitale alsacienne, la corporation prend le nom de "tribu des tonneliers". Mais la recette - et le goût ! - de cette bière étaient encore assez éloignés de ce que l’on connaît actuellement. Les céréales utilisées et les procédés de fermentations ne permettaient pas d’avoir des cuvées équivalentes d’une brassée à l’autre.
La recette classique, aujourd’hui, est constituée de 4 ingrédients : des céréales, du houblon, des levures et de l’eau. Or si le houblon est évoqué dès le VIIIe siècle selon certaines sources, il ne devient une culture plus commune que vers l’An Mille et connaît un essor en Alsace à partir du XVIIIe siècle seulement. Plusieurs dates sont marquantes dans l’histoire de la bière :
- C’est à partir de 1783 que les brasseurs sont autorisés à brasser toute l'année.
- En 1805, le brasseur François Derendinger implante une houblonnière d’envergure (800 plants !) à Haguenau.
- Parallèlement, l’invention de la réfrigération artificielle (1748), et les connaissances sur la fermentation (et les levures) et sur la pasteurisation (1865) permettent l’essor des brasseries dans des dimensions industrielles.
En 1866, l'Alsace compte 287 brasseries dont 60 à Strasbourg.
En effet, la bière alsacienne n’est pas uniquement strasbourgeoise. Parmi les villes qui accueillent des activités brassicoles d’envergure et de renom, au fil des années : Cronenbourg, Schiltigheim, Koenigshoffen, Mutzig ou encore Lutterbach, Colmar, Saint-Louis… et bien d’autres !
En 1867, lors de l’exposition universelle d'art et d'industrie à Paris, alors que 41 pays étaient représentés, les brasseurs alsaciens se sont distingués en remportant toutes les médailles d’or dans leur catégorie !
Phénomène de mode ou engouement plus durable ? Aujourd’hui, l’activité brassicole poursuit ses développements. Le secteur recrute et les créations de microbrasseries et brasseries artisanales se multiplient.
De quoi faire mentir le dicton alsacien “Liewer e frisch’s Bier, às a frischi Àrwet”. Plutôt une bière fraîche qu’un nouveau travail…
*A consommer avec modération, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
Auteure : Julie Friedrichs
Rédactrice chez Batorama depuis juin 2021
A propos de l'auteur
Ma journée type à Strasbourg ? Prendre l'air à l'Orangerie, profiter d'une terrasse place du Marché Gayot, flâner le long des quais et faire un tour en bateau-promenade !