Le fluvial, un secteur porteur d’emplois

La croissance constante du secteur fluvial associée aux départs en retraite génère un besoin croissant de personnel qualifié. Alors que les opportunités d’emploi sont nombreuses, comme le prouve la prochaine campagne de recrutement de Batorama, une nouvelle directive européenne vient renforcer le niveau de qualification requis pour chaque membre d’équipage. Entretien avec François Manouvrier, le directeur du réputé CFA de la Navigation Intérieure au Tremblay-sur-Mauldre. 

Photo bateau 2

Quel est l’impact de la nouvelle réglementation européenne sur la qualification des membres d’équipages ? 

En termes de métier, cela va imposer que tous les membres aient suivi une formation, initiale ou continue. Aujourd’hui, la transposition de cette directive européenne en droit français se traduit par la création d’un certain nombre de grades, tels qu’homme de pont, matelot, maître matelot, timonier, conducteur. Elle définit également les critères permettant d’accéder à ces grades. Un certificat de qualification de l’Union permettra d’attester du grade détenu par son porteur. En revanche, le texte français, s’il prévoit que tout personnel d’équipage doit être muni d’un certificat de qualification de l’Union, ne définit pas la composition précise des équipages des bateaux sur notre territoire, mais cela arrivera très vraisemblablement dans un second temps. Par contre, on définit quelles tâches est en capacité de réaliser chaque membre d’équipage. Ce qui est sûr, c’est que cette directive renforce le niveau de qualification requis pour chaque membre d’équipage. Les exigences relatives à l’expert passagers sont aussi renforcées. 

« La polyvalence et la qualification vont être très recherchés »

Photo capitaine

Comment allez-vous répondre à cette évolution ?  

Nous sommes encore dans l’attente des orientations choisies par le Ministère en charge des Transports. Tout notre dispositif de formation est déjà en ordre de marche pour répondre à ces nouveaux besoins. La profession a demandé à l’Education Nationale de rénover les diplômes délivrés par les CFA et les lycées professionnels, de manière à ce qu’ils soient adaptés aux objectifs de la directive. Il s’agit d’un travail de longue haleine. Il s’agit d’adapter les cursus actuels en vue de les faire coïncider avec les exigences de la directive en termes de compétences et faire en sorte que nos diplômes permettent d’obtenir directement un grade par équivalence.

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Ce rehaussement des compétences et qualifications des membres d’équipage peut-il représenter un facteur d’attractivité en termes d’emplois ? 

Oui, c’est certain que ça ne peut qu’être bénéfique pour l’image du secteur. Mais cela risque dans le même temps de provoquer une vraie rupture au niveau des entreprises qui vont devoir fortement modifier leurs critères de recrutement, notamment des conducteurs qui devront désormais justifier d’un plus grand nombre de jours de navigation avant de pouvoir se présenter à l’examen du permis de conduire (passant de 100 jours actuellement à 540). Aujourd’hui, l’objectif avoué de cette directive est d’unifier l’ensemble des formations au niveau européen afin de permettre une meilleure mobilité dans les différents Etats de l’UE. La polyvalence et la qualification vont être très recherchés afin d’adapter les emplois aux nouvelles conditions d’exercice des métiers. Je pense notamment aux nouvelles normes environnementales et à la numérisation des services pour le fret.

Côté transport de passagers, on peut citer une évolution des compétences dans la mise-à-jour de l’attestation passagers, la relation client ainsi que la maîtrise des langues étrangères sur les bateaux-promenades et les péniches-hôtels. De manière générale, avec les objectifs en termes de développement durable, les bateaux deviennent de plus en plus techniques, avec ces nouvelles unités décarbonées et la remotorisation globale. Cela demande par conséquent une main d’œuvre de plus en plus qualifiée pour permettre l’utilisation de ces nouvelles unités dont la maintenance est de plus en plus complexe. Les enjeux environnementaux sont totalement liés aux atouts de notre secteur et le personnel doit s’adapter. 

« Nous avons besoin de visibilité pour attirer des jeunes qui viennent d’ailleurs et plus seulement des enfants de navigants »

Photo capitaine

Au moment où le secteur fluvial est à la croisée des chemins, il fait également face à de nombreux départs en retraite qui génère un besoin croissant de personnel qualifié. Quel est votre analyse de la situation ? 

La conjoncture fait que la pyramide des âges n’est pas très favorable. Alors que le métier est sous-tension, cette directive européenne ajoute de la tension supplémentaire puisqu’elle augmente le temps de formation pour accéder aux postes sur les bateaux. C’est pourquoi on risque d’avoir, pendant quelques temps, des difficultés pour recruter et embaucher. Le temps de former et que toute la profession s’imprègne bien de ces changements et de la nécessité de formation. 

Est-ce en termes d’image que le secteur fluvial a par ailleurs pris du retard ? 

Je dirais que le secteur a atteint une taille relativement critique et souffre d’une visibilité relativement restreinte. Assez peu de moyens de communication sont mis en place pour séduire les plus jeunes. Nous avons besoin de visibilité pour attirer des jeunes qui viennent d’ailleurs et plus seulement des enfants de navigants. Aujourd’hui, ce recrutement à travers les familles de bateliers n’est plus suffisant. On doit ouvrir nos portes à d’autres publics en étant plus attractif. Je sais qu’Entreprises Fluviales de France travaille actuellement sur l’élaboration d’outils de communication pour valoriser nos métiers. 

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Pourtant, avec l’arrivée du Canal Seine Nord, on peut espérer de réelles perspectives de développement du fret et du transport de passagers n’est-ce pas ? 

Cela semble bien engagé en effet pour que toute l’activité de transport fluvial se conçoive à l’échelle des 38 000 kilomètres de voies navigables du réseau fluvial européen. Cela signifie aussi une ouverture plus grande à la concurrence internationale entre les flottes et les ports. Dans tous les cas, c’est une opportunité qui donne un coup de projecteur pour notre secteur et des perspectives d’emploi. Tout comme d’autres projets porteurs à Bray-Nogent ou à Port 2000 au Havre.

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Auteur : Florian Dacheux

A propos de l'auteur

Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.

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