Pour sa cinquième édition, le festival Arsmondo nous propose de découvrir la culture tsigane. Du 11 mars au 3 avril, trois semaines riches en émotions entre projections, concerts, conférences, ateliers jeune public et expositions.
Depuis cinq ans, le festival nous emmène loin des idées reçues à travers l’exploration de cultures lointaines. Pour les éditions passées, le public strasbourgeois a été invité à découvrir le Japon, l’Argentine, l’Inde et le Liban, à travers divers événements, dans différents lieux de la ville.
Un événement innovant
Imaginé par Eva Kleinitz, ancienne directrice de l’Opéra National du Rhin, ce rendez-vous annuel cherche à croiser les disciplines, réinventer un opéra composite, qui s’enrichit d’autres cultures, et ouvre vers l’ailleurs. Cette année, Alain Perroux, directeur de l’Opéra National du Rhin a décidé de s’attacher à la culture tsigane, qui regroupe un folklore particulier, celui des Gens du voyage. Passer les frontières, en rendant hommage à des populations adeptes du nomadisme, tel est le pari de cette nouvelle édition.
Des histoires plurielles pour ces communautés, fascinant les foules par un mode de vie non sédentaire, qui se retrouvent dans les musiques populaires, les livres et les films. Tsiganes, Bohémiens, Roms, Manouches, Gitans… autant de cultures, de fantasmes associés qui peuvent donner lieu à des incompréhensions, et même de l’exclusion.
Un tel événement semble évident à Strasbourg, tant la ville et sa région sont des terres d’accueil pour les Gens du voyage. Plusieurs initiatives locales sont à relever, dont le centre socio-culturel Lupovino qui accompagne les communautés tsiganes depuis de nombreuses années, les aires d’accueil réparties dans toute l’Alsace, ou encore le quartier du Polygone à Strasbourg qui propose des logements pour ceux qui souhaitent se sédentariser. Un lien qui se perpétue à travers le temps et qui, avec le festival Arsmondo, contribue à atténuer les stéréotypes autour de la culture tsigane.
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Une identité multiple
Rendre hommage à cet héritage culturel complexe, mais en invitant aussi à la réflexion : cette édition d’Arsmondo propose cette année une programmation foisonnante, naviguant entre les pratiques artistiques.
En avant la musique
A la comédie de Colmar et à l’Opéra national du Rhin, des opérettes autour des personnages de Bohémiens dans la musique classique seront interprétées par les chanteurs de l’Opéra Studio. Les opéras de L’Amour sorcier et Journal d’un disparu datant des années 40 seront regroupés en un unique spectacle, qui portera sur la figure mystique et envoûtante de la gitane. Entre magie noire et chant d’amour, ces œuvres se dérouleront au Théâtre de la Sinne de Mulhouse ainsi qu’à l’Opéra de Strasbourg.
Plusieurs récitals et concerts exceptionnels auront lieu entre mars et avril, notamment celui de Rocío Márquez, chanteuse de flamenco hors pair qui interprétera des chants traditionnels et populaires de l’Andalousie. Les mélomanes pourront écouter du jazz manouche, des musiques de chambre des pays d’Europe centrale et issues de la culture gitane, ou encore des chants bohémiens de compositeurs renommés… À noter : le concert A Traves del Humo (À travers la fumée) du duo d’artistes et Cristo Osario, à la Cité de la Musique et de la Danse où se mêlent les chansons roms à travers la danse, le théâtre et la poésie.
Des conférences engagées
Malgré un imaginaire débordant, ces populations n’en sont pas moins victimes de rejet et de discrimination. Des conférences seront à retrouver sur des sujets sociétaux, tels que les enjeux et défis des peuples Roms en Europe par le Conseil de l’Europe, ou encore à travers un prisme artistique : les stéréotypes dans la musique gitane, les bandes dessinées de Kkrist Mirror sur les peuples tsiganes et manouches. Une rencontre est organisée à la librairie Kléber avec Alexandre Romanès, légende du cirque tsigane et poète.
Projections et expositions
A l’Odyssée, un cycle de films emblématiques tsiganes tels que Gadjo Dilo de Tony Gatlif se déroulera du 14 au 27 mars. Le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg accueillera deux projections, le documentaire La Place de Marie Dumora, sur une famille de Tsiganes à Colmar, ainsi que des docu-fictions de Jean-Charles Hue qui seront des immersions dans des conflits et virées des Gens du voyage.
Deux expositions auront lieu en parallèle : une exposition de portraits et de moments du quotidien en noir et blanc des populations Roms de l’artiste strasbourgeoise Jeannette Gregori, humanisant ces personnes marginalisées à travers un regard sensible, ainsi qu’une installation plastique de Romuald Jandolo dans les jardins de la Haute École des Arts du Rhin, recréant un campement itinérant.
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Jeune public
La journée du 3 avril sera consacrée au jeune public. Au programme : des ateliers contes issus du peuple Rom, initiations au flamenco, à la guitare jazz manouche et à la peinture sur castagnettes. Autant d’activités qui permettront aux enfants de découvrir ces cultures de manière ludique.
Le festival est organisé en partenariat avec la LICRA bas-rhin, association reconnue de lutte contre le racisme, qui amène un aspect militant à cette manifestation. « Les Roms ont une histoire et veulent un avenir » écrit l’association sur son site, assurant ainsi un respect des droits des Gens du voyage, une réflexion globale de cette diaspora dans le cadre d’Arsmondo.
Un festival qui promet d’être culturel, politique et créatif.
Informations pratiques
Festival Arsmondo Tsigane
Du 11 mars au 3 avril
Dans divers lieux de Strasbourg, Mulhouse et Colmar
Auteure : Lucie Bousquet
A propos de l'auteure
Formée à l’écriture et à la communication, Lucie a commencé dans les médias pour un magazine digital en Chine. Après quelques années dans la gestion de projets associatifs et artistiques, elle se lance en tant que rédactrice dans les domaines du tourisme et de la culture. En veille permanente sur l’actualité sociétale et culturelle, Lucie vit entre Strasbourg et Paris. Elle participe régulièrement à des projets collectifs autour de l’écriture et du numérique.