Les trois expositions du moment

Entre art, histoire et culture : découvrez 3 expositions qui illuminent l’Alsace

En l’air avec Saint-Ex

L’écrivain Antoine de Saint-Exupéry a obtenu son brevet d’aviation à l’aérodrome du Neuhof il y plus d’un siècle : cela valait bien une exposition à Strasbourg sur les traces du père du Petit Prince.

Beaucoup l’ont imaginé, le monde onirique du Petit Prince, entre désert de sable et immensité de l’atmosphère ! L’exposition « Antoine de Saint-Exupéry - Le petit Prince parmi les hommes », au parc des expositions, leur livre une version immersive de cet imaginaire tout en étrangeté. En route pour une balade sous les étoiles fluorescentes, parmi les planètes du Petit Prince et leurs habitants représentés par 14 sculptures en 3D. 

Le roman le plus célèbre de l’écrivain-aviateur offre surtout un décor à la découverte de celui que fut véritablement Saint-Exupéry. Muni d’un audioguide, le visiteur s’aventure dans une partie de la correspondance entre l’auteur et sa mère, Marie, peintre et poétesse. Certaines des lettres échangées sont même exposées, émouvantes. 

Qui parle de bicyclette volante, d’un baptême de l’air à l’âge de 12 ans ? Saint-Ex ou le Petit prince ? On s’y perd. Mais les amis de l’écrivain-aviateur sont là : le cinéaste Jean Renoir, l’homme de lettres américain Lewis Galantière, l’aviateur Henri Guillaumet, l’écrivain Joseph Kessel, le journaliste et écrivain Henri Jeanson. Tous tracent les contours d’un homme libre, planant au-dessus de la mêlée de ses contemporains. Un camarade loyal et humble, amateur de jeux de cartes, ami fidèle. 

Bienveillant, Saint-Exupéry était soucieux de l’évolution de son époque. Dans ces dessins et ses textes, il pose sans cesse la question, toujours actuelle, de l’humanité et de la spiritualité des hommes. 

Exposition Le Petit Prince
© Photo DR

En sortant, le visiteur peut encore se perdre dans le monde humaniste de Saint-Exupéry grâce à une belle projection où se mêlent les aventures de l’écrivain et celles de son personnage emblématique. Pourquoi alors démêler la poésie de la réalité ? 

« Antoine de Saint-Exupéry –Le Petit Prince parmi les hommes », au Parc des expositions de Strasbourg. Du mardi au vendredi de 10 h à 17 h et les samedi-dimanche de 10 h à 18 h. Prix : 16,90 € (tarif plein). 

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Trois siècles de peinture alsacienne, de la cave au musée

Mais qui est donc François Lotz, qui donne son nom au musée de l’Imagerie populaire de Pfaffenhoffen ? Et permet de découvrir trois siècles de peinture alsacienne. 

Avec ses souhaits de baptême et de conscription, on ne peut pas dire que le musée de l’imagerie populaire de Pfaffenhofen prenne un coup de neuf. Mais il vient de changer de nom en prenant celui de son fondateur : François Lotz. Et ça, c’est important, car le notaire local était un collectionneur éclairé d’art et de peinture alsacienne des trois derniers siècles. A la tête d’une vaste collection accumulée dans sa cave, il en avait fait, en partie, don à la commune. 

Aujourd’hui présentée en une exposition temporaire, cette collection éclaire sur les différentes tendances artistiques qui ont marqué l’Alsace de la fin du XVIIIe aux années 1980. A coup sûr, elle jette un regard neuf sur ces grands noms de l’art local : Benjamin Zix, David Ortlieb et Gustave Doré (aux XVIIIe et XIXe  siècles ; Emmanuel Benner et Lothar von Seebach (début du XXe s.) ; Louis-Philippe Kamm, Charles Spindler et le Cercle de Saint-Léonard (première moitié du XXe s.), et enfin Camille Claus et Paul Flickinger.

Une quarantaine d’artistes et 80 œuvres sont montrées au Musée de l’image populaire, rarement ou jamais exposées. On y voit se former l’évolution d’une région, de ses habitants. 

Mais qui était donc François Lotz ? Notaire local, né à Pfaffenhoffen en 1921. Courageux : incorporé de force pendant la seconde Guerre mondiale, il s’évade pour rejoindre les Forces françaises libres. Passionné de l’Alsace, il collectionnait tout ce qui relève des traditions populaires : souhaits de baptêmes ou de mariages, objets divers peintures, de conscriptions, mortuaires, objets divers et variés, peintures, images pieuses, peintures sous verre. 

Jusqu’au 25 juin 2025 au musée de l’imagerie populaire-François Lotz de Pfaffenhoffen (24 rue du Dr Albert Schweitzer). Ouvert du mercredi au dimanche de 14 h à 17 h.

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Parfois, l’art a besoin d’un mode d’emploi

Pas de réponse de normand ici : l’exposition en cours au Musée d’art contemporain de Strasbourg « Mode d’emploi : suivre les instructions de l’artiste » a définitivement besoin de décryptages.

Ça commence très mal : un mur de premières pages de livres se dresse devant le visiteur qui s’aventure à l’exposition sur les œuvres d’art dites « à protocole ». Ces pages sont celles où figurent toujours une pensée personnelle : A ma mère, à mon chien... Le rendu, une œuvre signée Claire Morel, donne déjà envie de tourner la page... Mais un peu plus loin, on est attiré par un chemin tracé en bonbons à l’emballage bleu et blanc en plastique scintillant. Mignonne, cette installation de Felix Gonzales-Torres diffère à chaque installation selon l’espace qui lui est laissé, selon ce qui reste après les poignées de sucreries éventuellement ramassées par les enfants…

Au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, cette oeuvre de Claude Closky, « Toutes les façons de fermer une boîte en carton »
Au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, cette oeuvre de Claude Closky, « Toutes les façons de fermer une boîte en carton » © Photo L.M.

 Vous ne comprenez rien ? C’est presque normal. Ces œuvres dites « à protocoles » sont apparues dans les années 1960, ayant pour point de départ une consigne. Car parfois, il en faut. Par exemple quand il s’agit d’une installation à monter en l’absence de l’artiste, il faut bien que celui-ci laisse un « mode d’emploi » à ceux qui vont la monter et l’adapter à leur espace. Cette démarche pose donc des questions : qui devient l’auteur de l’œuvre (l’artiste ou l’équipe du musée ?). Combien de fois peut-elle être reproduite ? 

Il reste d’amusantes expériences à faire. Telle celle de « communiquer par la télépathie » dans une installation ressemblant à une bande d’isoloirs. Invitation est lancée en noir sur bois : « Faites en le test ! ». 

Exposition Mode d’emploi au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, jusqu’au 25 juin. Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h le week-end, pause de 13 h à 14 h les autres jours.

Lucie Michel

Rédactrice chez Batorama depuis 2020

A propos de l'auteur

J’aime Strasbourg pour ses restaurants de touristes, ses gargotes tibétaines et ses approximations de tartes flambées : un peu…
J’aime Strasbourg pour la diversité de ses musées: beaucoup. 
J’aime Strasbourg pour le temps inscrit dans ses architectures: passionnément! 
J’aime Strasbourg pour la vie spontanée et festive le long des quais aux beaux jours : à la folie! 
J’aime Strasbourg pour sa confrontation piétons-cyclistes: pas du tout ! Préférons donc le bateau !