Mapping vidéo, labyrinthe et totems musicaux forment un parcours artistique et immersif sur le pourtour de la cathédrale de Strasbourg, jusqu’au 28 août.
La cathédrale de Strasbourg et ses alentours sont étrangement envahis par la nature cet été. A la nuit tombée, c’est une folle aventure minérale et végétale qui transforme l’édifice et en fait la scène d’un monde étrange en perpétuel mouvement. Sur la façade sud, le mapping vidéo de cette année évoque les thèmes des cristaux, des vagues, des dunes, des fractales, des craquements... Dans un monde fantasmé, sorti d’une imagination émerveillée par la vie et son apparition, mais inquiète parfois, défilent des motifs autant organiques que géologiques, des flocons, des nuages, des bancs de poissons, des formes abstraites et mouvantes nées de la magie numérique…En cinq tableaux et douze minutes, le spectateur est plongé dans un univers émouvant, entre chaos parfois et beauté irréelle, qui ne devrait pas laisser indifférent. L’architecture en dentelle de la cathédrale se devine d’autant mieux que la flèche reste illuminée pendant le spectacle.
Concerts les vendredis et samedis
La musique n’est pas la moindre des contributions à la magie engendrée par ce mapping, impossible à envisager sans une musique hypnotique et envoûtante. La bande-son est signée du musicien strasbourgeois Ena Eno, pensée pour s’adapter à l’intervention d’interprètes live, chaque week-end. Les vendredis et samedis soirs, les Percussions de Strasbourg viennent prolonger l'expérience en proposant des représentations live en complément du mapping vidéo.
Chaque samedi, installés sur la place du Château, les Percussions de Strasbourg – l’ensemble fête ainsi ses 60 ans – sont accompagnées de différents artistes : le 23 juillet, le mixeur strasbourgeois Illektré et ses ambiances dub ; le 30 juillet, DJ Widsid & Mandal ; le 6 août, le groupe d’électro rap tranquille NIID ; le 13 août, le groupe d’électro-jazz strasbourgeois INK (ex-Chapeaux noirs) ; le 20 août, le duo Encore, entre surréalisme et beats énervés ; et le 27 août, Aube et sa musique minimale. Autant d’occasions de voir et de revoir le spectacle dans des ambiances sonores très variées qui donnent à appréhender très différemment le spectacle, voire à l’augmenter par leur réalité musicale, dans l’esprit d’un ciné-concert.
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Un cheminement jusqu’à l’Ill
Cet impressionnant mapping est l’une des étapes d’un cheminement au gré de sept installations et mappings, baptisé RefleXion(s), signé de l’agence de communication Passe-Muraille et de la société AV Extended, installé du pourtour de la Cathédrale jusqu'au bord de l’Ill.
Un second mapping est projeté sur la rosace de la cathédrale, sur sa façade ouest : Rosarium, entre œuvre numérique et installation muséographique de quatre totems sur le parvis de la cathédrale. Les quatre totems en bois évoquent les quatre éléments, invitent le visiteur à s’approcher, à s’arrêter dans sa déambulation et à songer. Cette ode à la nature et à l’Homme entend refléter la richesse spirituelle et terrestre en favorisant la réflexion chez celui qui s’engage là. Il est même possible, à l’aide d’un smartphone, de poursuivre le voyage dans un tourbillon cinétique autour de la rosace et de ses vitraux.
Boussole pour les enfants
Vibration Forest est une autre étape de ce parcours sur la place du marché aux poissons. Installation sonore et interactive, à regarder, écouter, toucher, elle s’inspire de la nature, sous forme de modules en bois aux dessins gravés. Alors que l’homme s’évertue à complexifier les réseaux et les moyens, la nature, elle, se développe de manière directe et revenant à l’essentiel, nous disent les artistes. Des visites pédagogiques jeune public de Vibration Forest sont organisées tous les mercredis après-midi à 14h30 et à 16h (durée 1h), à partir de 7 ans, dans la limite des places disponibles.
A découvrir aussi : Boussole (Place du Château), une installation ludique pour les enfants autour de la boussole et de l’étoile. Et Cloud, dans la cour du palais Rohan, une sculpture interactive composée de 6000 ampoules recyclées qui composent un nuage de lumières. Attention, il peut en sortir des éclairs…provoqués à volonté par des interrupteurs à tirette.
Labyrinthe de toile
Sur la terrasse du palais Rohan, au bord de l’eau, Maze est un labyrinthe tendu de toile à traverser pour s’accorder une pause spatio-temporelle, parfois accompagnée de la musique du compositeur Ena Eno. En mode nocturne, le labyrinthe devient un objet lumineux.
Enfin, le parcours se complète d’une exposition intitulée Le grand tour, du nord de la cathédrale jusqu’à la terrasse du palais Rohan. Sous la forme de totems, elle est l’illustration plastique de l’ouvrage collectif Le grand tour, autoportrait de l’Europe par ses écrivains, paru en 2022 (éditions Grasset). Dirigé par le journaliste Olivier Guez, le projet présente les textes de 27 écrivains (un par état-membre de l’UE) sur des lieux évocateurs de l’histoire et de la culture du continent.
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Les visites du soir
A la nuit tombée, le parcours prend une toute nouvelle dimension grâce aux jeux de lumières. En effet, les installations immersives évoluent et prennent vie. Une petite magie décryptée lors de visites guidées d'une heure proposées par l'Office de tourisme les lundis, jeudis et dimanches : rendez-vous à 20 h. (Réservations sur shop.visitstrasbourg.fr. Prix des billets : 6 € et 3 € en tarif réduit). Pour ceux qui, en plus de se laisser porter par l’expérience immersive proposée ici, veulent comprendre un peu mieux et connaître les intentions des artistes.
Lucie Michel
Jusqu’au 28 août sur le pourtour de la Cathédrale jusqu’à la terrasse du Palais Rohan. Spectacles live les vendredis et samedis à 22h30, 23h et 23h30 en juillet, puis à 22h, 22h30 et 23h en août. Les autres soirs, mapping et illuminations de la tombée de la nuit à minuit. Spectacles gratuits et installations visibles dans l’espace public.