Alors que le canal de l’Ourcq fête ses 200 ans, c’est l’occasion de revenir sur son histoire et ses mutations. Très prisé des touristes mais surtout des Parisiens eux-mêmes, ce canal fait le lien entre la proche banlieue et Paris. Au cœur d’un quartier métissé, réputé pour ses lieux culturels.
Dimanche 30 janvier 2022, le soleil illumine l’Ile-de-France. Au pied du Canal de l’Ourcq, des couples sortent du cinéma flottant MK2, des joggers trottinent pendant que les plus jeunes animent le square de leurs éclats de rire. Ici, le long de ce plan d’eau situé en plein cœur du 19e arrondissement de Paris, entre Jaurès et la Porte de Pantin, on adore flâner et prendre le temps des choses simples. Loin du vacarme de la capitale.
Tourisme vert, loisirs, tiers lieux et arts…
Construit au XIXe siècle pour alimenter Paris en eau potable, le Canal de l'Ourcq relie en effet Mareuil-sur-Ourcq (Oise) au Bassin de La Villette. Depuis, son visage n’a jamais cessé de changer, façonnant un territoire francilien en perpétuelle transformation, à l’instar du département de la Seine-Saint-Denis. Longtemps utilisé comme une voie d'eau permettant d'approvisionner Paris en marchandises, le canal de l’Ourcq a vu un important tissu industriel se développer le long des berges, avant d’être mis de côté dès le début de la désindustrialisation dans les années 1970.
Voici une vingtaine d’années, à la faveur de l’an 2000, que l’Ourcq rejaillit. Facteur d’attractivité, le canal attire aujourd’hui une nouvelle économie, tournée vers le tourisme vert, les loisirs, les tiers lieux et les arts. Situé à proximité du bouillon de culture incarné par l’emblématique Parc de la Villette, il s’agit d’un quartier à la fois immense et à taille humaine. Considéré comme le 21e arrondissement de la capitale, celui-ci est en mutation constante.
C’est d’abord le quartier des musiciens avec ses nombreuses salles de concert telles que La Philharmonie et la Cité de la musique, le Zénith, le Cabaret Sauvage, le Trabendo… Mais aussi le quartier des petits bistrots branchés, à l’instar du Pavillon des canaux qui est à la fois un café, un restaurant et un espace de coworking, du bistrot Les Pantins situé face au Centre national de la danse et son architecture en béton brut, ou encore le Bar Ourcq, l’un des premiers à avoir animé le quai de la Loire avec ses jeux de société, ses chaises longues et ses boules de pétanque.
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Farniente et balades à vélo
Au-delà des nombreux espaces de jeux pour enfants qui font le bonheur des familles, c’est aussi l’endroit idéal pour embarquer à bord d’un bateau de croisière de Canauxrama et Paris Canal, ou d’opter pour l’aventure en toute autonomie à bord d’un petit bateau électrique sans permis chez Marin d’Eau Douce. Direction le parc de la Bergère à Bobigny où l’association Communerbe anime des balades botaniques. Non loin, entre la nationale et le canal, imprégnez-vous des activités de la ferme urbaine de la Prairie du canal logée au cœur de l’ancien site de l’usine MBK. N’hésitez pas non plus à pousser jusqu’au pont de Bondy. Vous tomberez alors nez à nez face à un site d’expression libre des meilleurs street-artistes du coin.
Relié en réseau aux autres canaux parisiens, tels que Saint-Martin et Saint-Denis, l’Ourcq doit également sa renommée à ce fameux point de jonction que constitue le Bassin de la Villette, avec l’étonnant pont levant de la rue de Crimée et ses petites maisons d’éclusiers.
Sur les quais, vous l’aurez compris, le farniente est le maître-mot. Et si vous souhaitez en savoir davantage sur ce petit cocon qui attend le printemps avec impatience, n’hésitez pas à grimper à bord de L’eau et les rêves, une péniche amarrée quai de l’Oise où guides nautiques et autres ouvrages sur le monde fluvial ne manquent guère dans les tiroirs.
Enfin, la pratique du vélo est l’autre élément incontournable du site. Avec ses quelque 100 kilomètres de long, le canal est en effet propice aux balades. Il est notamment longé par la Scandibérique, l’une des vélo routes les plus longues d’Europe qui relie Trondheim en Norvège à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne sur plus de 5 000 km. Vous pouvez tout à fait vous contenter d’une promenade en famille via une halte bien méritée au cœur de l’immense parc forestier de La Poudrerie à Sevran.
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Le saviez-vous ?
L'Ourcq prend sa source dans l’Aisne et se jette dans la Marne à Mary-sur-Marne. Dès le XVe siècle, elle suscite l’intérêt des bateliers désireux d'acheminer du bois de chauffage et de construction et des céréales vers Paris. En 1415, le roi Charles VI autorise le prévôt des marchands de Paris à exploiter la rivière. Au XVIe siècle, François de Valois, futur François Ier, réorganise la forêt de Retz, située au nord-est de Paris. La rivière d'Ourcq se révèle la voie la mieux adaptée pour amener à Paris le bois de chauffage et de construction depuis cette forêt et les céréales produites dans le duché de Valois. François 1er autorise en 1520 le prévôt des marchands et les échevins de Paris à faire curer, nettoyer et rendre navigable « tant les dits rus et rivières de Seine, Vanne, Morin et Ourcq, qu'autres étangs et démolir tout moulin qui nuirait à la navigation ». Après 1560 commence la canalisation de l'Ourcq, la construction de réservoirs et d'un système de flottage et d'écluses simples (des pertuis). En 1661, les privilèges et péages de l'Ourcq sont attribués à Philippe d'Orléans par Louis XIV, son frère. Cette mesure est à l'origine du canal des Ducs. Au tout début du XIXe siècle, Napoléon Bonaparte décide de créer un canal reliant la rivière Ourcq à Paris. Objectif : tenter de résoudre les graves problèmes d’alimentation en eau que subit alors la capitale, et faciliter la navigation notamment en coupant le méandre de la Seine grâce aux canaux Saint-Martin et Saint-Denis. Les travaux débutent le 23 septembre 1802 et permettent l’ouverture d’un canal de dérivation de l’Ourcq, avec la création d’un bassin de partage à la Villette autour duquel s’articulent le canal Saint-Martin et le canal Saint-Denis. Le canal de l’Ourcq est inauguré le 15 août 1813 : un premier bateau part alors de Claye-Souilly (Seine-et-Marne) et arrive à la Villette. Puis la portion du canal de l'Ourcq entre Mareuil (Oise) et Paris ouvre en 1822. Quant au canal Saint-Denis, il est achevé en 1821, et le canal Saint-Martin en 1825. (Source : Paris.fr)
L’âge d’or du transport fluvial
Les années 1910 marquent l’âge d’or du transport fluvial, époque où le transport routier n’en est qu’à ses balbutiements. Le port de la Villette, desservi par les canaux de l’Ourcq, Saint-Denis et Saint-Martin, est même l’un des premiers ports intérieurs de France : c’est alors une véritable plaque tournante pour le transport des marchandises entre la basse et la haute Seine. Puis, la concurrence du rail et de la route, notamment pour le transport des céréales et du bois, provoque le déclin progressif du trafic au cours du XXe siècle. (Source Paris.fr)
Auteur : Florian Dacheux
A propos de l'auteur
Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.