Strasbourg et ses bâtiments remarquables : Le Palais Rohan, l’un des plus grands chefs d’œuvre d’architecture de la ville
À Strasbourg, ville millénaire et vestige vivant de l’époque médiévale, les bâtiments remarquables et les édifices historiques ne manquent pas. Et si certains se sont tellement fondus dans notre carte postale quotidienne que l’on ne les remarque plus, d’autres trônent si fièrement l’on ne peut que les dévorer du regard. Le Palais Rohan, édifice monumental édifié au XVIIIe siècle, est l’un de ceux-là. Avec sa stature imposante, ses dimensions XXL et la place de choix qu’il occupe dans la cité, il est l’un de plus beau trophée de notre ville. Aujourd’hui avec Batorama, on a choisi de rentrer plus en détail dans l’histoire de ce petit bijou d’architecture.
Imaginez-vous. Nous sommes en 1732 et les premières pierres du Palais Rohan commencent à être posées, juste là, à quelques mètres de la Cathédrale Notre Dame de Strasbourg (et de Batorama). À cette époque, c’est le roi Louis XV qui dirige le pays depuis le château de Versailles, les Français sont alors ses sujets, c’était le temps de la royauté. Ce palais, aussi somptueux et démesuré, soit-il, fut commandé pour être la demeure de l’Évêque de Strasbourg. Plutôt sympa comme appartement de fonction non ? On imagine qu’à l’époque, le prix du mètre carré était un poil moins élevé qu’aujourd’hui. Mais évidemment, le temps a passé depuis, et au fil des siècles, le palais a été le théâtre de nombreux changements qui ont mêlé religion, culture, histoire, guerre et bien sûr révolution.
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Un prince, un roi, et une rumeur d'adultère
De majestueuses colonnes, un gigantesque portail d’entrée, une cour d’honneur monumentale ornée de statues, le faste de l’édifice rappelle la puissance de l’église et de l’état, qui, à l’époque, ne faisaient qu’un. Il n’a d’ailleurs fallu que 10 ans pour achever la construction de ce palais. Une fois l’édifice debout, il a fallu quelqu’un pour l’occuper. C’est le prince évêque Armand-Gaston-Maximilien qui s’y installe, sur ordre du Roi Louis XV, qui, selon les textes des Musées de Strasbourg, aurait offert au prince « L’accession aux plus hautes charges ecclésiastiques du royaume » après « une liaison de sa mère avec le roi, l'année précédant sa naissance ». Il apparaît donc que, selon les rumeurs de l’époque, ce cher prince aurait peut-être été placé à la tête du Palais Rohan pour faire taire des rumeurs d’adultère. Saint Simon, à l’époque toujours, aurait d’ailleurs dit au sujet du prince Armand-Gaston et de cette situation « Prince avec toute sa famille par la grâce du roi et la beauté de sa mère ». Sympa le parachute doré au XVIIIe siècle !
Une architecture d’une richesse à couper le souffle mais pas seulement
L’architecte en chef de ce palais monumental, c’était Robert de Cotte, l’un des grands architectes des hôtels parisiens de l’époque. Ce grand monsieur avait souhaité élever son bâtiment autour d’une vaste cour d’honneur, avec au nord, la façade d'entrée, donnant sur la place du château et la Cathédrale. À l'ouest et à l'est, les murs de clôture de la cour d’honneur, et au sud, le corps de logis principal, encadré de deux ailes abritant les deux entrées. En tout, ce sont plusieurs milliers de mètres carrés de pierres disposées sur deux étages qui font l’harmonie de ce palais aussi sobre que majestueux. Voilà pour la partie extérieure.
À l’époque du Prince Armand-Gaston, à l’intérieur, on retrouve les appartements d’état situés au rez-de-chaussée, des appartements de parade réservés au roi ou aux hôtes de marque. Le salon des évêques, la chambre du roi, un grand salon, une bibliothèque, une petite chapelle, et même des appartements qui auraient accueilli Napoléon, Charles X ou encore Louis-Philippe. À l’étage, c’est le personnel de tout ce beau monde qui est logé.
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Le palais Rohan, une vitrine pour faire briller la France jusqu’à la Révolution
Pendant des années, le Palais occupe donc sa fonction première d’appartement d’état, un lieu qui fait briller la richesse et la puissance de la France en province et assoie sa puissance diplomatique hors de Versailles et de Paris. La vie suit son cours à Strasbourg, jusqu’à ce qu’éclate la Révolution française, quelques années plus tard en 1789. Pendant cette révolution, qui s’étalera sur onze ans, le Palais Rohan fut transformé en un lieu de détention, puis, on y donna des cours à destination des officiers de santé de l’armée. Bien plus tard, après l'annexion allemande de Strasbourg, le palais abrite les cours de la nouvelle université allemande. Par la suite, de nombreux événements diplomatiques ont eu lieu dans les différentes salles de ce palais majestueux.
Aujourd’hui, le Palais Rohan abrite 3 musées, le musée des Beaux-Arts de Strasbourg, le Musée Archéologique et le musée des Arts Décoratifs que l’on vous présentera bientôt en détails sur le site de Batorama.
Auteur et photos : Pietronave Bastien