En octobre dernier, on vous parlait avec enthousiasme des Métamorphoses, une exposition qui mettait en lumière une partie du travail de l’artiste Strasbourgeois Tomi Ungerer. Aujourd’hui, alors que l’exposition en question vient tout juste de s’achever, on part cette fois-ci du côté du Palais Rohan, plus précisément au Musée des Arts décoratifs, pour vous présenter une exposition sobrement intitulée « Tomi Au Palais ».
Petit focus sur ce rendez-vous artistique mis place dans un écrin doré somptueux, qui aura lieu jusqu’au 5 janvier prochain.
On ne présente plus Tomi Ungerer, cet artiste Strasbourgeois prolifique aux mille et un dessins, objets, peintures, illustrations, jouets et autres arts graphiques. Pionnier du dessin pour enfant, il était l’un des plus grands créatifs de sa génération. En 2019, il s’en est allé en laissant derrière lui une myriade de créations allant des affiches de publicités aux croquis en passant par des sculptures et autres peintures à la patte si reconnaissable.
Cette année, Le Musée des Arts décoratifs et le Musée Tomi Ungerer se sont associés pour proposer une exposition consacrée au grand Tomi qui continuera encore longtemps à faire rêver celles et ceux qui croisent ses créations.
Une exposition originale et inédite sous les ors du Palais Rohan
Le Palais Rohan, quel plus bel écrin pour sublimer les œuvres d’un(e) artiste ?
C’est dans ce bâtiment remarquable, édifié à partir de 1732, qui fut notamment la demeure la famille royale de l’époque, que se déroule l’exposition, la double exposition pour être plus précis. En effet, habituellement, le visiteur est invité à entrer dans ce lieu majestueux pour découvrir des natures mortes, des portraits, des tapisseries monumentales, des sculptures, mais aussi de la vaisselle, ou des objets liturgiques. Cette collection permanente, qui offre notamment un panorama de l’histoire de la peinture en Europe, à ses débuts jusque vers 1870, est déjà une expérience en soi.
De grandes salles richement ornées, des plafonds à la hauteur démentielle, des œuvres anciennes à ne plus savoir où donner de la tête, on plonge dans l’Histoire avec un grand H, et le cadre et simplement somptueux.
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Et au milieu de tous ces ornements, au cœur du Palais, sont cachées certaines des œuvres majeures de Tomi Ungerer. Au sein du parcours, on retrouve des dessins originaux, des affiches, des sculptures, des bijoux et des jouets qu’il collectionna tout au long de sa vie et qui viennent ici se greffer à l’exposition permanente avec beaucoup d’ironie et de tendresse.
À travers son univers, aussi drôle que farfelu (encore aujourd’hui alors imaginez pour l’époque), l’installation temporaire propose aux visiteurs une découverte différente, à la fois ludique et poétique du Musée des Arts décoratifs.
En fait, avec ces œuvres parfois enfantines dissimulées çà et là au milieu des tableaux de grands-maîtres comme Delacroix, Véronèse ou Botticelli, d’autant plus lorsque l’on connaît un peu le personnage et les créations de Tomi, On est presque dans le subversif. En tout cas, avec Tomi au Palais, on casse les codes de l’image pure d’une exposition d’art ancien et ça fait du bien.
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Une exposition en forme de jeu de piste, Tomi joue à cache-cache
Cette exposition au Palais Rohan expose une infime partie des créations de Tomi Ungerer. Elle reflète la diversité de ses œuvres à travers ses séjours en Alsace, mais aussi aux États-Unis, au Canada, en Irlande et jusqu’en Algérie, et elle touche aussi bien à des registres comme la littérature jeunesse qu’à la satire politique, la musique, l’érotisme ou la publicité.
Que ce soit dans l’immense salle à manger du palais, dans la salle de garde, dans la chambre du roi, dans son salon d’assemblée, la bibliothèque, la chapelle, la salle des trompes l’œil et bien d’autres encore, les œuvres de Tomi se cache et ne se font pas voir au premier coup d’œil, il faut les chercher pour les admirer, et on se prend vite au jeu.
Un dessin par ci, une peinture par-là, les œuvres de l’Alsacien détournent le sujet des œuvres qui sont autour de ses créations, et chacune d’entre elle est placée avec soin dans un décor qui lui correspond.
Un perroquet à la tête de clé à molette à côté d’une huile sur toile représentant le même animal, un train comme un jouet gigantesque qui circule au milieu du salon des évêques, un roi à la tête de pomme de terre dans la chambre du roi, un échassier fait de matériaux de récupération dans la salle des trompe-l’œil, Tomi se joue des symboliques et c’est assez finement exécuté.
On se prend au jeu, on cherche les œuvres ici et là, on apprend, on en prend plein les yeux et on change plusieurs fois d’univers et d’époque, et le Palais Rohan ne pouvait que sublimer le travail de l’artiste aux mille visages.
On peut cependant regretter que plusieurs œuvres annoncées manquent à l’appel (parole de gardienne), et que parfois le manque de lumière ne permette pas d’admirer certaines créations à leur juste valeur.
Ouvert tous les jours sauf le mardi et le vendredi, jusqu’au 5 Javier 2023
Auteur et photos : Pietronave Bastien