Située au cœur du Neudorf depuis un peu plus de deux ans, la galerie Le 22 a pour objectif de soutenir la création artistique strasbourgeoise. Rencontre avec sa fondatrice Chantal Delarchand.
Située à deux pas de la célèbre place du marché du Neudorf, la galerie Le 22, nichée rue de la Grossau, n’en finit plus de faire parler d’elle. Son crédo ? Offrir un maximum de visibilité aux artistes et artisans d’art de Strasbourg et sa région. Lancée en septembre 2020, en pleine crise sanitaire, la galerie en est aujourd’hui à sa 30e exposition, fruit du travail acharné de sa fondatrice Chantal Delarchand.
A 52 ans, cette démographe de formation a connu différentes expériences qui lui ont permises, au fur et à mesure des années, de se construire un réseau éclectique. Maman de cinq enfants, elle a notamment dirigé une conciergerie pour nouveaux arrivants ainsi qu’une franchise de hard discount, tout en assurant des missions en comptabilité pour l’entreprise de son époux.
« J’ai tout simplement effectué un bilan de compétences qui m’a ouvert les yeux sur plein de choses, confie Chantal. Je souhaitais être utile en me tournant vers l’associatif. Je suis partie du constat qu’il y avait plein de gens qui avaient de l’or dans les mains mais qui ne savaient pas parler d’eux, qui n’avaient pas de lieu pour montrer leurs talents. C’est comme cela que je me suis lancée dans cette activité. »
« Envie de casser les codes »
Au rythme de deux expositions par mois, programmées le week-end, Chantal, à la manière d’une dénicheuse de talents, propose gratuitement son local aux sculpteurs, céramistes, street-artistes, peintres et autres photographes d’univers très variés.
« Cela a le fonctionnement d’une galerie mais ça n’en a pas la prétention, précise Chantal. Ce qui m’intéresse, mon envie, c’est mettre en lumière des artistes en essayant de casser un peu les codes. Les galeries d’art sont souvent des lieux guindés où l’on n’ose pas entrer. Ici, c’est tout le contraire. C’est sans prétention et accessible à tout public. J’expose uniquement des œuvres qui me plaisent. J’aurais du mal à parler de quelque chose que je n’aime pas. »
Et ça marche ! En moins de 3 ans, près de 70 artistes ont été sélectionnés par Chantal. Ces dernières semaines, Le 22 a vu passer Fabienne Weber, Thibaut Drutel, Nathalie Carel, Cyril Bécard, Hervé Lamorlette, Julien Kam ou encore Ursula Durr-Land. Côté coups de cœur, Chantal a bel et bien son top 3 : l’illustrateur Olivier Deichtmann notamment connu pour ses dessins des façades des bâtiments célèbres de Strasbourg, l’illustrateur Pascal Wolf et ses œuvres sur papiers noirs, ainsi que le peintre-graffeur Louis Rosenthal et ses collages accompagnés de pochoirs.
Chantal Delarchand © Le 22
« Je ne m’interdis rien »
« A chaque fois, je vis de nouvelles aventures au grès des rencontres, explique Chantal. J’ai même exposé un coutelier d’art Michael Lorazo. Je ne m’interdis rien. Le but, c’est de mettre en avant tous ces savoir-faire, ces techniques, ces sensibilités. J’aime ce que ça provoque en termes de rencontres et d’échanges, toute cette émulation que ça peut créer. C’est pourquoi je ne me dis pas galeriste. Nous partageons des moments conviviaux. Chacun se présente. Les gens sont très détendus. Je prends un plaisir fou à organiser ces événements. »
Ainsi habitée par la transmission, Chantal s’apprête à organiser sa troisième exposition collective à l’occasion du pont de l’Ascension les 18, 19, 20 et 21 mai. Après les thématiques de la cathédrale de Strasbourg en 2021 et le football en 2022, l’édition 2023 sera dédiée aux animaux. Elle réunira pas moins de 13 artistes (dessinateurs, photographes, sculpteurs et un chocolatier).
Autre particularité ? L’aspect solidaire du lieu qui reverse tous les bénéfices de ses expositions à des associations caritatives locales. Après avoir soutenu Kiwanis, Femmes de Foot, Cœur de Clown et La Main du Cœur, Le 22 consacre actuellement ses dons à Asdepal, une association qui porte le projet d'une maison de vie, d'accompagnement et de répit en Alsace pour des personnes atteintes de maladies graves (ndlr : projet "Palliance" en Bas-Rhin).
« Je tiens à conserver le cadre convivial et chaleureux du lieu, conclut Chantal. Je suis très heureuse d’être au Neudorf où l’on ressent une vraie vie de quartier. C’est un quartier qui vit vraiment bien. Chaque samedi, lors du marché, j’ai beaucoup de monde qui s’arrête. Le vernissage a lieu la veille le vendredi soir. Plus j’en fais, plus le bouche-à-oreille fonctionne. »
Ainsi va la vie du côté du Neudorf où Le 22 devient peu à peu le lieu emblématique de la création strasbourgeoise. Un lieu hybride. Refuge pour les uns. Tremplin pour les autres.
Reccueilli par Florian Dacheux
A propos de l'auteur
Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.
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22 rue de la Grossau – 67100 Strasbourg
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