Après notre entretien avec Caroline Gomes, chargée de la promotion des filières de l'artisanat à la ville et l’Eurométropole de Strasbourg, nous débutons notre série dédiée aux artisans alsaciens. Rencontre avec Thierry Stumpf, coutelier d’art à Rosheim.
Pour comprendre l’univers de Thierry Stumpf, il faut remonter à son enfance alsacienne et sa passion des chevaux. Très vite, sa passion le conduit à exercer le métier de maréchal ferrant dès l’âge de 18 ans. Un vieux métier artisanal qui consiste à ferrer les pieds des chevaux et à s'occuper de leur parage.
« Forger des fers à chevaux, c’est bien, forger autres choses, c’est encore plus intéressant, confie Thierry. J’ai toujours eu un couteau dans la poche comme on dit. Puis un beau jour, je suis tombé sur un magazine dédié à la coutellerie. Cela m’a donné envie d’essayer. Nous étions au début des années 2000. J’ai commencé à forger mes premiers couteaux le soir, les week-ends. Puis j’ai progressivement basculé vers ce métier. On peut dire que la rencontre du fer et du feu a aiguisé au fil des ans ma passion pour la coutellerie. »
Thierry Stumpf, portrait pour Salon Résonances ©Yves Trotzier / Frémaa
Des couteaux haute couture
Pour ce faire, Thierry va partir se former dans la Drôme, au côté de Christian Avakian, coutelier d’art de renom spécialisé entre autres dans les couteaux damas, reconnaissables à leur motif ondulé et tacheté qui traverse la lame. A force de persévérance et minutie, Thierry Stumpf a ouvert il y a sept ans son propre atelier de coutellerie d’art à Rosheim.
Dans sa forge, il y fabrique des couteaux haute couture à l’ancienne, façonnant ses lames au marteau et à l’enclume. « Je réalise des couteaux droits, pliants, des damas et autres pièces, explique Thierry. Ce qui me plaît le plus dans tout cela, c’est l’aspect créatif. C’est plaisant et infini. Je fais du couteau de poche, de cuisine, de table, de chasse, des ensembles couteaux et fourchettes, etc. »
D’un amateur passionné à une clientèle élargie de restaurateurs, Thierry s’adapte à chaque commande et demande personnalisée. Pour celles et ceux qui voudraient acquérir une de ses créations, il dispose de quelques pièces finalisées disponibles à la vente. Quant à une réalisation sur-mesure, le mieux est de prendre contact avec lui pour lui décrire le modèle souhaité.
« Parfois, je tombe sur un morceau de bois original qui m’inspire par son esthétique, poursuit Thierry. Je m’appuie sur le rendu d’origine du matériau de départ puis j’affine ensuite. Les matériaux que je trouve pour faire les manches sont très importants dans mon processus créatif. »
Des stages découverte
Côté transmission, Thierry prend régulièrement sous son aile des stagiaires. Il propose en effet des stages de fabrication d’un couteau pliant (trois jours), des stages de forge d’une lame en acier damas pour couteau droit (deux jours), ainsi que des stages de forge d’outils.
« Je reçois des jeunes en stage découverte ainsi que des adultes en reconversion ou simplement désireux de se faire plaisir en apprenant quelque chose, décrit Thierry. J’en reçois parfois via la Fédération des métiers d’art d’Alsace. Pour les apprentis, en termes de formation, il y a peu de choses à part le CFAI de Thiers dans le Puy-de-Dôme. C’est pourquoi un stage chez un professionnel peut être la solution pour les jeunes qui s’intéressent à la coutellerie. Je suis passé par là. »
Direction le Japon
Jamais à court d’idées, Thierry Stumpf a récemment découvert que l’épée que porte George Washington, 1er président des Etats-Unis, sur un des portraits figurants à la Maison Blanche, a été forgée en Alsace à Klingenthal. Il a pour projet de refabriquer cette épée. Désireux de porter un projet participatif dans l’idée de faire renaître une forge d’autrefois, il compte partir au Japon chez les maîtres du katana, ce célèbre sabre à la lame tranchante et fabriquée selon des techniques ancestrales.
« C’est effectivement le projet mais on va y aller étape par étape, précise ce passionné. Ce voyage, c’est grâce à un ami qui m’a présenté la possibilité de nous rendre sur place au printemps prochain, si tout va bien. Nous allons commencer par un sabre de cavalerie simple. Ce sera déjà une bonne chose avant d’envisager l’épée d’apparat. En tant que coutelier, on ne peut que s’intéresser à ce genre de finitions poussées à l’extrême et ces rituels. Echanger et apprendre à côté de tels maîtres vous pousse vers l’excellence. J’ai hâte de vivre cette expérience. »
Alors qu’il espère être sélectionné pour le prochain Salon européen des métiers d'art Résonance[s] au Parc des Expos de Strasbourg en novembre, il sera présent au Salon du Savoir-Faire à Molsheim où près de 70 artisans seront regroupés du 17 au 26 mars sous l’égide de la marque Alsace. Vous pourrez également le retrouver en direct de la 6e édition de l'expo-vente des métiers d’art Haut la main à la Halle Grüber d’Obernai en mai prochain !
Florian Dacheux
En savoir plus ?
http://www.couteaux-stumpf.com/
Thierry STUMPF
4 Rue St Pierre et Paul à Rosheim
tél. 06 07 09 57 06