Depuis 1983 se tient chaque automne à Strasbourg le festival Musica, dédié à la création musicale. Jusqu’au 10 octobre, plus d’une quarantaine de manifestations sous forme de concerts, installations sonores, performances, ateliers et conférences se tiendront sur le territoire du Grand Est.
Chaque année le festival Musica surprend avec sa programmation atypique, à mi-chemin entre la création sonore et le spectacle vivant, qui bouscule les normes musicales actuelles. Initié dans les années 80 sous l’impulsion du Ministère de la Culture, Musica questionne la composition musicale, en dialoguant avec les arts numériques et audiovisuels.
Questionner nature et numérique
La nouveauté de cette année est le déploiement sur le territoire du Grand Est avec un spectacle chorégraphique à la Filature de Mulhouse mais aussi dans la ville frontalière de Kehl en Allemagne, avec le quatuor Diotima, mondialement connu pour ses interprétations originales du répertoire classique. En partenariat avec des structures culturelles renommées de la ville telles que le Théâtre National de Strasbourg ou encore l’Orchestre Philarmonique de Strasbourg, ce rendez-vous ambitieux réunit plus de 200 artistes et chercheurs autour de notre rapport à la nature à l’ère du numérique. Elise Tenat, secrétaire générale de Musica précise : « Cela a un sens, après toute cette période du covid où nous étions très connectés les uns aux autres. Le fil rouge de cette édition c’est la question autour de l’environnement, de la nature, du vivant, mais aussi notre regard face aux nouvelles technologies. »
Que ce soit dans le cadre d’expériences immersives (Asterism d’Alexander Schubert, sorte de forêt augmentée en continu qui s’est tenue du 17 au 19 septembre au Maillon), ou de paysages sonores à propos de la nature (Devenir imperceptible de Clément Vercelletto au TJP), d’opéras sensoriels sur les relations qu’entretiennent les êtres humains et leur planète (Forêt de Franck Vigroux au Théâtre de Hautepierre), de conférences écoféministes (Écologie sorcière, Isabelle Stengers au Maillon) ou encore des pièces sonores jeune public (Sur le chemin j’ai ramassé des cailloux, rituel d'écoute du collectif Les Alices aux Halles Citadelles), la nature est le point d’orgue de ces rassemblements.
Pour tous les publics
Le festival propose une programmation innovante qui repousse les limites des pratiques sonores, avec l’utilisation d’instruments, de machines, de voix. Trois semaines d’expérimentations acoustiques qui regroupent chaque année un public fidèle, déclare la secrétaire générale : « Nous avons un public historique, puisque le festival a 40 ans, un public de fidèles, qui suivent toutes les éditions du festival, des publics de la première heure, qui étaient là dès les premiers jours d’ouverture de la billetterie. » Et un public de mélomanes variés, attirés par les propositions surprenantes de Musica « Nous avons aussi du jeune public, des jeunes actifs, des étudiants grâce à la programmation qui est très large, et évolue au fil du temps. »
Soutenir la création musicale contemporaine est la visée principale de cette manifestation. La pluralité des formes est nécessaire mais aussi l’aspect inédit : « Un grand nombre de propositions sont des créations qui voient le jour à Musica, nous souhaitons faire en sorte que le public soit surpris, dans la découverte de propositions qui ne sont pas forcément visibles ailleurs. » Un événement culturel qui s’inscrit sur son territoire en impliquant différents acteurs culturels locaux : « Et qu’il y ait un grand pan de la création qui soit en médiation avec les publics sur l’ensemble des territoires. Cette année, il y a des choses du côté de la Coop ou d’Hautepierre, avec cette idée de faire sortir la musique des conservatoires, et aussi d'en faire un véritable outil de médiation. »
Jeune public et laboratoire expérimental
Cette année, les temps forts de la programmation se passeront aux Halles Citadelle, anciennes halles portuaires à proximité du Phare Citadelle, où se tiendra Mini Musica, le rendez-vous jeune public et familial du festival, avec des ateliers expérimentaux (atelier de musique inuit autour des traditions de chant de gorge), mini-récitals ou contes sonores.
Musique électro, minimale, concrète, chants traditionnels, musique classique, laboratoire de bruitages, autant de genres et de pratiques acoustiques qui font de Musica un lieu de rencontres et d’expérimentations. Autre temps fort, le Sonic Temple qui se déroulera dans la soirée du 2 octobre et donnera carte blanche à treize artistes, dont la cellule d’intervention Metamkine, créée en 1987, qui mêle musique improvisée et projections audiovisuelles, ou le duo électro Autoreverse, pour une fabrique sonore collective et déjantée.
Musica renverse les codes des pratiques sonores et propose au public des nouvelles expériences d’écoute, aux dimensions sensibles et poétiques.
Informations pratiques
Du 16 septembre au 10 octobre 2021
Tarifs de 6 à 20 euros
Programmation détaillée sur le site de Musica
Pour vous rendre aux Halles Citadelle, du mercredi au dimanche, Batorama propose des transferts depuis ses embarcadères du centre-ville à 18h15. Pensez à réservez votre place en bateau
Auteure : Lucie Bousquet
A propos de l'auteure
Formée à l’écriture et à la communication, Lucie a commencé dans les médias pour un magazine digital en Chine. Après quelques années dans la gestion de projets associatifs et artistiques, elle se lance en tant que rédactrice dans les domaines du tourisme et de la culture. En veille permanente sur l’actualité sociétale et culturelle, Lucie vit entre Strasbourg et Paris. Elle participe régulièrement à des projets collectifs autour de l’écriture et du numérique.