Dans cette interview, Thérèse Willer, Directrice du Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration à Strasbourg, explique comment elle a vécu cette année particulière, notamment pour les acteurs de la culture. Elle présente sa vision et ses vœux pour l’année 2021.
Comment le Musée Tomi Ungerer a-t-il vécu cette année 2020 ?
Au Musée Tomi Ungerer, aussi appelé Centre International de l’Illustration, nous avons l’amour de l’art et du travail des grands dessinateurs. Nous travaillons sur de multiples thématiques, notamment pour les expositions temporaires du musée qui présentent environ 300 à 350 œuvres et sont renouvelées tous les quatre mois. Cette année, comme pour tout le monde, cette programmation qui nous permet de faire vivre l’art et la culture a été chamboulée par la situation sanitaire, les restrictions multiples et les confinements nationaux. Nous avons été dans l’obligation de reporter des expositions, mais nous sommes soulagés car aucune annulation n’est prévue pour l’instant : les artistes ont eu la gentillesse de prolonger leurs prêts. Nous autres, conservateurs de musées, nous n’avons toutefois pas eu d’autre choix que de travailler en grande partie en distanciel ce qui nous a « déconnecté » de nos collections, notre source de travail direct. C’était aussi un véritable challenge que d’apprendre à manager des équipes à distance, au moyen de nous outils technologiques. Je m’y suis adaptée – c’est le maître-mot, avec plus ou moins de bonheur.
J’arrive tout de même à prendre conscience des points positifs induits par cette période : notre jauge limitée dans l’accès au public a offert un confort de visite aux gens, qui se sentaient plus sereins. En ce qui me concerne, j’ai aussi pu me dégager du temps pour la recherche et travailler sur certains points de documentation.
Comment le Musée Tomi Ungerer s’est-il adapté ?
En effet, comme tout le monde et en particulier tous les musées, nous nous sommes adaptés : nous avons beaucoup communiqué sur le côté virtuel de nos expositions, avons posté des éléments ludiques sur les réseaux sociaux et mis en place une visite virtuelle de l’exposition « Focus ! ». La digitalisation est un passage obligé mais n’est selon moi pas préjudiciable à la visite physique. En effet, le rapport que le visiteur entretient avec l’œuvre d’art est concret et plus intense. Toutefois, les visites virtuelles peuvent apporter des informations complémentaires et permettre de revenir dessus, s’arrêter sur certains points. C’est donc un outil très utile et nous en avons largement pris conscience cette année.
Comment appréhendez-vous 2021 ?
Dans ce mot il y a l’idée d’appréhension, mais j’aborde 2021 sans crainte, voire même avec sérénité. Cette année particulière nous aura appris beaucoup de choses, la prise en main du télétravail a été positive et je sais déjà quelle joie immense nous aurons lorsque nous rouvrirons nos expositions. Je reste toutefois lucide sur les difficultés à venir : la situation économique ne va pas être rose.
Quels sont vos vœux pour la culture et le tourisme ? Pour les Alsaciens ?
On ne peut pas imaginer que la culture et le tourisme soient mis de côté. Ils sont nécessaires à l’éducation, à la sérénité et à l’évolution de la population, et doivent absolument être considérés à leur juste valeur. J’espère que ces acteurs s’en sortiront par le haut. Quant aux Alsaciens, je ne peux que les inciter à s’intéresser encore plus à leur patrimoine : en Alsace, et notamment à Strasbourg il est tellement riche, étendu, diversifié… c’est un véritable monde en miniature et j’aimerais qu’ils le redécouvrent quand ils le pourront.
Une devise ?
Au Musée Tomi Ungerer, notre devise est justement de faire profiter de notre beau patrimoine au plus large public possible, alors venez dès que vous le pourrez !