Envie d’un voyage dans l’espace et le temps cosmique, hors dimensions humaines ? C’est à vivre au nouveau planétarium qui vient d’ouvrir à Strasbourg.
Drôle de dôme
Un dôme tronqué habillé de bois brûlé et posé au milieu d’un jardin, parmi les bâtiments universitaires wilhelmiens de la fin du XIXe siècle. Une soucoupe volante ? Presque : bienvenue au nouveau planétarium de Strasbourg, ouvert depuis le 1er juillet, conçu par les architectes du cabinet Frenak + Jullien.
Pour pénétrer dans la salle de projection inclinée à 18° et équipée de 138 places (dont 4 pour les personnes à mobilité réduite), le visiteur transite par le sas du hall d’accueil. Formes arrondies, murs blancs, grandes baies vitrées et toiture percée d’une grande fente nord-sud formant un cadran solaire : on est déjà là dans un vaisseau spatial, mais avec vue sur la nature environnante.
Puis il emprunte une rampe qui tourne autour du dôme comme les anneaux autour de Saturne, s’assombrissant progressivement pour mener de la lumière à l’obscurité : enfin, il pénètre dans la salle équipée d’un dôme-écran suspendu de 15 mètres de diamètre.
Dernier cri
Avec son système de projection numérique et un simulateur d’univers de dernière génération, l’endroit entre dans la catégorie des grands planétariums numériques français, en projection Fulldome à 360°. Il est équipé de six vidéoprojecteurs reconstituant une image homogène, lumineuse, résolue et contrastée à 30 millions de pixels ; d’un système de son immersif et d’un simulateur d’univers en temps réel.
Ces équipements permettent une immersion dans l’espace très réaliste grâce à une excellente qualité d’images cosmiques. Tout est bel et bien beau et a un coût certain : 9,33 M€, financés en grande partie par l’État.
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Pas de planète B
Salle de spectacle, le planétarium a pour objectif de sensibiliser le public à l’astronomie. Grâce à ces équipements, il permet de faire comprendre la place de la Terre dans le cosmos. Et de prendre conscience qu’il n’y a pas de planète de rechange.
Au programme, une heure de déconnexion garantie avec un film immersif de 30 minutes suivi d’une présentation du ciel étoilé de 30 minutes. Basée sur de vraies images scientifiques pour explorer les constellations, planètes et galaxies lointaines, la séance incite à lever les yeux et à prendre conscience de sa place dans l’Univers.
Un an de cinéma, de visites et de concerts
Deux films sont projetés actuellement : au-delà du soleil, pour les enfants de 7 à 11 ans, à la découverte des exoplanètes. Les autres (sans limite d’âge aucune) sont invités à voyager dans l’espace et dans le temps pour découvrir les formes que pourrait prendre la vie dans d’autres Mondes vivants. Les deux films projetés resteront en place un an. Bientôt, deux spectacles pour les scolaires enrichiront la proposition.
Le planétarium propose aussi des animations lors de la Nuit des étoiles, les 10 et 11 août, des visites guidées de l’observatoire astronomique les 30 juillet, 2 et 27 août, les rencontres du jeudi au cours desquelles plusieurs spécialistes croisent leurs regards pour apporter des clés de compréhension sur une grande question de société, dès le 5 octobre. Et comment rater l’Eclipse partielle de Lune, à observer le 28 octobre à 20h depuis les jardins ? Nouvelle réjouissante : le Festival Jazzdor s’invite là du 14 au 19 novembre : des musiciens de jazz venus de toute l'Europe improviseront au gré des images projetées sur l'écran du planétarium.
L’ancêtre novateur
Mais avant cet équipement nouvelle génération, il y a eu un premier planétarium…Celui-ci a été inauguré en 1982, grâce à la volonté inébranlable d’une astrophysicienne de l’observatoire astronomique de Strasbourg, Agnès Acker. Il s’agissait alors du 5e planétarium de France, le premier administré par un laboratoire de recherches. Son écran-dôme mesurait alors 8 mètres de diamètres (la moitié de celui du planétarium actuel). Premier et seul planétarium universitaire de France, il a accueilli plus d’un million de visiteurs de 1982 à décembre 2022, date de sa fermeture.
Observatoire ou planétarium ?
L’ancien planétarium proposait des observations directes du ciel depuis la grande lunette, instrument emblématique de l’observatoire à côté duquel il était installé, rue de l’Observatoire. Ce qui a entraîné une confusion chez certains : planétarium ou observatoire ? « Le planétarium n’est pas l’observatoire astronomique », souligne Milène Wendling, astrophysicienne et responsable du planétarium.
Résumons : l’observatoire est un laboratoire de recherche au sein duquel les équipes scientifiques participent à l’enrichissement des connaissances sur l’univers. Alors que le planétarium est une salle de projection sur écran-dôme pour sensibiliser aux découvertes astronomiques.
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Lié aux grands observatoires spatiaux
Le nouvel équipement fonctionne toujours en lien avec les astronomes de l’observatoire astronomique de Strasbourg et du Centre de données astronomique de Strasbourg. Celui-ci met en accès libre ses données qui peuvent être consultées par les scientifiques. Mais pas que !
Le planétarium innove en montrant directement les données de recherches sur le dôme-écran. Ainsi projetées, les images des grands observatoires terrestres et spatiaux permettent de comprendre comment se construisent les connaissances en astronomie et astrophysique.
Un jardin et des musées
Le nouveau planétarium est installé dans un beau jardin rénové d’une surface de 5000 m², succession de différents milieux végétaux, allant du sous-bois ombragé au nord et autour du bâtiment d’accueil, aux espaces plus ouverts de pelouse et prairies ponctuées d’arbres au sud.
Ce Jardin des sciences donne accès au musée de sismologie et à celui de minéralogie, à la salle d’exposition de paléontologie, au musée Adolf Michaelis, au musée zoologique (quand il sera rouvert) et au jardin botanique tout proche. Et dans ce paysage végétal, huit jardins circulaires font référence aux huit planètes du système solaire. Pour effectuer un retour sur terre tout en verdure.
Lucie Michel
Planétarium du jardin des sciences, 27 boulevard de la Victoire à Strasbourg. Projections de films du mardi au dimanche (pendant les vacances) et le mercredis-samedis-dimanches en période scolaire. Infos complètes sur jardin-sciences.unistra.fr. De 4 € (réduit) à 19 € (famille).