A l’heure des Journées Européennes des Métiers d’Art 2023 qui ont lieu jusqu’au 2 avril, le Grand Est cultive son incroyable réseau d’artisans d’art aux multiples expertises. Entretien avec Christophe de Lavenne, chef du pôle métiers d’art à la Région Grand Est.
Pouvez-vous rappeler tout d’abord comment la Région Grand Est soutient le secteur des métiers d’art ?
Avec nos partenaires tels que la Chambre de Métiers et d’Artisanat et de la Fédération des métiers d’Art d’Alsace (Fremaa), nous accompagnons les professionnels dans de nombreux domaines. On aide les organisateurs d’expositions, on propose des aides financières et techniques, des aides au recrutement. Nous disposons d’un site internet spécifique metiersdart.grandest.fr, un site pensé comme un véritable outil. On y retrouve des offres de formations mais aussi un centre de ressources regroupant divers supports d’information, ressources humaines, moyens matériels de production et conseils sur les matériaux.
Le site permet à tous les ateliers de disposer d’une fiche de présentation dans un annuaire. Le Grand Est compte actuellement plus de 2500 entreprises et professionnels des métiers d'art dont plus de 1200 en Lorraine. On envoie une newsletter chaque mois à tous les artisans référencés sur l’agenda des salons, des expos, des concours, ou encore sur des infos moins amusantes telles que la hausse de la TVA. Bientôt, on sera capable de cartographier les métiers d’art et leurs évolutions, en localisant par exemple un atelier d’ébénisterie tenue par des femmes de moins de 35 ans dans une commune de moins de 2000 habitants.
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Quels sont les savoir-faire les plus représentatifs de la région ?
D’une façon générale, les métiers d’art qui ressortent le plus sont ceux du bois et de l’ameublement. Mais contrairement à d’autres régions, nous avons quand même une bonne représentation des métiers liés à notre localité comme les métiers du verre avec plus de 225 ateliers recensés en verre et vitrail. Dans la céramique, on dépasse les 300 ateliers repérés. Les métiers de la pierre (grès, calcaire, …) sont également présents avec une multiplicité des matériaux travaillés. Nous avons également des métiers en voie de redéveloppement. Ceux du textile ont le vent en poupe, comme les métiers du métal qui reviennent très fort avec de nouvelles façons de travailler qui orientent les profils vers la décoration d’intérieur, les pièces uniques et les petites séries.
« Ce regain d’intérêt pour une consommation durable et écoresponsable est bon signe »
Quelles filières manquent de main d’œuvre ?
Pour répondre, il faut différencier les métiers de l’artisanat d’art et les métiers d’ouvriers d’art. Outre une formation similaire, l’artisan va faire la pièce de A à Z, contrairement à l’ouvrier d’une grande manufacture qui va intervenir sur une partie du processus. Ce sont dans ces manufactures qu’ils manquent des profils, à commencer par les cristalleries et les manufactures de meubles, qui ont des difficultés à trouver des jeunes. La grande majorité se tourne vers le métier d’artisan en auto-entrepreneuriat. La faible attractivité des emplois dans l’industrie n’est pas propre au Grand Est. Il s’agit d’un phénomène national. On essaie de trouver des parades et de développer des formations spécifiques pour mieux satisfaire les besoins.
Depuis la crise sanitaire, il y a fort regain d’intérêt pour tout ce qui est produit localement. Le ressentez-vous ?
Oui, c’est en effet quelque chose qui revient. Le fait d’identifier le faiseur est très important. Le fait d’acheter un bol pour lequel vous avez le coup de cœur sur un salon de potiers à 15-20 euros au lieu de l’acheter 10 euros moins chers dans une grande surface, ce n’est pas la même chose. Ce regain d’intérêt pour une consommation qui a du sens, durable et écoresponsable, est vraiment bon signe pour les métiers d’art et le développement des circuits courts.
Les JEMA 2023 vont perpétuer cette tradition à travers une programmation dense dont le thème choisi est « Sublimer le quotidien ». Quels sont vos coups de cœur ?
En Meurthe-et-Moselle, à Homécourt, le public pourra découvrir le travail du peintre décorateur Thibaud de la Corbière qui restaure le Grand Hôtel du Balcon, une maison de maître de forges où a été découvert un décor du début du 20e siècle. Dans le Bas-Rhin, il y a la visite très intéressante de la sellerie Brunissen située à Molsheim. Christophe Brunisssen est un sellier garnisseur spécialisé dans les voitures utilitaires, les voitures de collection, les capotes sur mesure ou encore la réparation de sièges. Dans l’Aube, à Troyes, un certain nombre d’artisans, dont une mosaïste très talentueuse, fera des démonstrations à la Maison de l'Outil et de la Pensée Ouvrière, qui a d’ailleurs servi de lieu de tournage à la nouvelle version des Trois Mousquetaires en salles le 5 avril. Enfin, comment ne pas citer les 120 ans du Moulin de la Fleuristerie à Orges en Haute-Marne. Il s’agit d’une ancienne usine qui fonctionne à la force de l’eau. Sa roue à aube fait encore aujourd’hui tourner la production et l’électricité. Il s’agit d’un fabricant de textiles, connu pour ses fleurs en tissu, qui travaille avec les plus grandes marques de mode.
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Recueilli par Florian Dacheux
A propos de l'auteur
Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.
De Mirecourt à Bayel…
D’autres sites d’exception jalonnent le territoire, tels que Mirecourt pour la lutherie, Baccarat et Saint Louis pour le cristal, Longwy pour les émaux, Lunéville pour la faïence et la broderie, Nancy pour la pâte de verre, Gérardmer pour le linge de table, Liffol et Neufchâteau pour le mobilier de luxe... En allant vers la Champagne, on retrouve le cristal de Bayel dans l’Aube, le pôle vannier de Fayl-Billot dans la Haute-Marne ou encore le pôle coutellerie à Nogent. Sans oublier la fonte d’art qui a fait la renommée du territoire.
JEMA Grand Est 2023
Près de 200 événements sont à l’affiche des Journées Européennes des Métiers d’Art dans le Grand-Est. Démonstrations, visites guidées, ateliers d’initiation : les découvertes seront nombreuses, ludiques et pédagogiques ! En Alsace, plus de 100 professionnels des métiers d'art vous accueilleront dans plus de 60 ateliers et sur une dizaine de manifestations. En Champagne-Ardenne, vous retrouverez plus de 130 professionnels des métiers d'art au sein de 30 ateliers et sur une quinzaine de manifestations. En Lorraine, plus de 250 professionnels des métiers d'art vous présenteront leur savoir-faire au sein de 45 ateliers et sur une trentaine de manifestations.
INFOS PRATIQUES :
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Journées Européennes des Métiers d'Art - JEMA (journeesdesmetiersdart.fr)