Berlin mon garçon au Théâtre National de Strasbourg

Berlin mon garçon écrit par Marie NDiaye et mis en scène par Stanislas Nordey se porte sur la quête d’un fils disparu sur fond de terrorisme. A mi-chemin entre le thriller psychologique et le drame familial, la nouvelle pièce du Théâtre National de Strasbourg ouvre la voie à des questionnements intimes. 

Cette œuvre nous plonge dans les méandres d’une famille éclatée, les incompréhensions d’un couple de libraires dans la petite ville de Chinon face au fantôme de leur fils. Culpabilité, questionnements, allers-retours entre un Berlin romanesque et un Chinon nostalgique, les personnages errants se regroupent autour de la terrible découverte d’un enfant qui se radicalise.

Berlin mon garçon est une pièce courte à l’écriture musicale et sensible, qui se focalise sur les tensions familiales, les différences de réactions de parents, entre une mère prête à tout pour retrouver son fils, et un père qui s’enfonce dans le déni et le silence. La question en filigrane de l’œuvre serait : Peut-on encore aimer son enfant quand il devient un monstre ?

Rencontre avec Stanislas Nordey, metteur en scène de la pièce et directeur du Théâtre National de Strasbourg.

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Pourquoi avoir choisi de parler du terrorisme ? 

C’est une commande faite auprès de Marie NDiaye, qui m’avait demandé de la lancer sur une piste de thématique. Parler du djihad, les gens qui le font, les gens qui regardent, les gens qui subissent. Elle a choisi cet angle-là, qui dans la pièce est d’ailleurs assez mystérieux, non-dit pendant un moment. C’est une révélation tardive dans le déroulement de l’œuvre.

Ce que j’ai beaucoup aimé quand j’ai reçu la pièce, c’est qu’il y a à la fois la façon complexe de traiter la question du point de vue des parents d’un jeune homme qui est parti dans cette idéologie-là et donc le doute qui subsiste toujours en tant que parent :  A-t-on bien fait ou mal fait les choses, est-ce de notre faute que notre fils en arrive à cet endroit-là ? 

Marie NDiaye ne juge pas, elle met en perspective. En tant que spectateur, on ne peut que se mettre dans la situation de ces parents-là. Quand votre enfant fait des choses épouvantables, reste-t-il toujours votre enfant ?

Berlin mon garçon ©Jean-Louis Fernandez
© Jean-Louis Fernandez

Qu’avez-vous aimé dans cette pièce ? 

L’autre chose, c’est qu’elle a construit un formidable personnage de femme, en la personne de Marina, la mère. La pièce est aussi avant tout l’histoire de l’émancipation d’une femme. Comment cette femme, qui s’est définie en tant que mère tout au long de sa vie, décide tout d’un coup de se définir, non plus en tant que mère en premier lieu, mais comme femme, et d’aller au bout de sa propre histoire, de ne plus être dépendante de l’histoire de sa famille. 
C’est une pièce assez courte, d’une heure et demie, qui va à l’essentiel. Il y a cinq scènes très dessinées, il y a aussi une langue très forte, celle de Marie NDiaye, qui est d’abord une romancière. En tant que metteur en scène, les six personnages étaient passionnants, celui de la mère, celui du père qui se positionne à l’inverse de la mère, le personnage de la grand-mère qui a un certain rapport à la spiritualité, Rüdiger et les autres personnages que Marina rencontre à Berlin.

Il y a aussi cette oscillation entre deux mondes, la grande ville de Berlin où on peut passer son temps à se perdre, et la petite ville de province, Chinon, où, à l’inverse il est impossible de se perdre. L’intelligence de Marie NDiaye, c’est de montrer que ce jeune homme est éduqué, fils de libraires et peut quand même basculer dans un chemin de violence et d’intolérance.

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A quoi le public peut-il s’attendre en termes de scénographie et de mise en scène pour le spectacle ? 

Il y a de nombreuses photographies pour immerger le spectateur dans Berlin, de la même manière que Marina, quand elle arrive à Berlin, et il y a à la fois quelque chose de très épuré. Quand l’action se passe à Chinon, nous sommes dans la librairie, un lieu familier, reconnaissable pour nous tous. Quand l’action se passe à Berlin, nous sommes immergés dans la ville, dans l’architecture. Il y a un effet de contraste assez saisissant.
 
C’est une pièce qui met le public face à lui-même. Quand le spectateur sort de la salle, il n’est pas seulement face à ce qu’il a vu, mais il est aussi confronté à des questions qui vont perdurer au-delà de la représentation.

Auteure : Lucie Bousquet

A propos de l'auteure 

Formée à l’écriture et à la communication, Lucie a commencé dans les médias pour un magazine digital en Chine. Après quelques années dans la gestion de projets associatifs et artistiques, elle se lance en tant que rédactrice dans les domaines du tourisme et de la culture. En veille permanente sur l’actualité sociétale et culturelle, Lucie vit entre Strasbourg et Paris. Elle participe régulièrement à des projets collectifs autour de l’écriture et du numérique.

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Informations pratiques

Berlin mon garçon

  • Écrit par Marie NDiaye
  • Mis en scène par Stanislas Nordey

Du 24 février au 5 mars 2022
Durée : 1h40

Théâtre National de Strasbourg
1 avenue de la Marseillaise
67000 Strasbourg