Si à Strasbourg et alentours nous sommes habitués à entendre des phrases du type « J’ai acheté ce fromage chez le petit producteur du coin », ce n’est pas simplement pour faire bonne figure en arrivant à un diner. En effet, dans notre région, il semblerait que ce soit tout un système de vente en circuit court qui se soit développé ces dernières années, dans les villes comme dans les villages alsaciens.
On connait bien sûr la vente directe à la ferme, un procédé qui ne date pas d’hier, mais ces dernières années ce sont les drives, les magasins de producteurs, les fermes collaboratives, et même les plateformes de ventes en lignes qui se sont multipliées, et le COVID y est peut-être pour quelque chose. Faisons un petit tour d’horizon de ce système de vente qui, à première vue, ne semble avoir que des avantages autant pour le producteur que pour le consommateur final.
Proposer des produits en circuit court, c’est réduire le nombre d’intermédiaires entre celui qui produit et celui qui achète. Plus ces intermédiaires sont nombreux, plus les camions qui transportent les produits le sont aussi. Le résultat ? La pollution monte en flèche, les biens passent de main en main, la traçabilité est de plus en plus floue, et la fraîcheur ainsi que la qualité des denrées (parfois produites à des milliers de kilomètres) se détériore dans le temps. Alors, en Alsace, des dizaines d’enseignes plus vertueuses se créent ici et là depuis une dizaine d’années. Leur combat ? Diviser le nombre de ces intermédiaires (transporteurs, grossistes, revendeurs) réduire les transports, favoriser l’emploi local, la saisonnalité et surtout : mieux rémunérer les paysans de nos régions qui se battent chaque jour pour proposer ce que notre terroir fait de meilleur.
L’Alsace au sommet de la chaine du circuit court Français
Avec 1/4 des exploitations agricoles qui utilisent le circuit court, l’Alsace fait figure de bonne élève et se place en tête des régions de France où le circuit court est le plus développé.
En cause : des places sur les marchés qui se font de plus en plus chères, la météo incertaine et rude en hiver qui rend la vente en extérieur compliquée, et des producteurs qui sont de plus en plus occupés (et qui ne peuvent donc pas s’occuper en même temps de la vente que de la production). Alors, ces productrices et ces producteurs se tournent de plus en plus vers différents intermédiaires uniques, qui proposeront leurs produits (locaux et de saison) en circuit court sans qu’ils ne traversent la France.
Chez nous, ce type de circuit de vente prend différents visages. On retrouve par exemple les AMAP (Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), mais également des magasins de producteurs comme Sillon, Hop’La, ou encore La Nouvelle Douane. Dans ces enseignes locales, on retrouve des produits de saison, souvent bio, on connaît chaque productrice et producteur qu’il y a derrière chaque produit, et la qualité est forcément au rendez-vous, mais ce n’est évidemment pas tout. En effet, plus récemment, on a vu également arriver des vendeurs en ligne qui proposent des produits fermiers directement de la terre à l’assiette. C’est le cas de Marmelade, de Proxieat, de La Coccinelle d’Alsace, de l’Ilot de la Meinau ou encore du Cellier Strasbourgeois. Grâce à ces petites entreprises locales, qui emploient parfois plusieurs personnes à temps plein, les fermes et les exploitations agricoles du coin trouvent un soutien de taille pour proposer leurs produits aux Strasbourgeois, parfois sans qu’ils aient besoin de sortir de chez eux. En plus, la plupart de ces commerçants utilisent le vélo pour effectuer la livraison. De cette manière, la boucle est bouclée et le producteur, comme le consommateur, y trouve son compte tout en préservant au maximum la planète, et même si c’est à petite échelle, tout geste est bon à prendre.
COVID-19, une aubaine pour le circuit court ?
En pleine crise du Covid, alors que le premier confinement était annoncé, nous nous sommes tous au moins une fois questionnés sur notre alimentation et la provenance de certains produits que nous achetions, principalement les fruits et légumes frais. À ce moment-là, les petites entreprises que nous venons de citer ont eu le vent en poupe et certains, comme Proxieat, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 65 % en seulement quelques semaines. Le Cellier Strasbourgeois a également enregistré une fréquentation en hausse, tout comme L’îlot de la Meinau. Mais aujourd’hui, deux ans après la crise, il est difficile de savoir combien de clients sont restés, combien ont recommencé à fréquenter les grandes surfaces et combien abandonneront le circuit court une fois la crise passée. Finalement, COVID ou non, en Alsace, nous sommes sur des terres agricoles qui ont énormément de choses à offrir, et même si les bouches sont nombreuses à nourrir, il y aura toujours un ou une productrice autour de chez vous.
Quelques AMAP dans et autour de Strasbourg :
- L’AMAP du Ruisseau Bleu
- L’AMAP La Coccinelle
- L’AMAP Monde
- L’AMAP Strasbourg Vosges
- L’AMAP du Schluthfeld
- L’AMAP de la Gare
- L’AMAP Cardek
- L’AMA Cerise
Crédits photos : Bastien Pietronave pour Pokaa
Auteur : Bastien Pietronave