Humoriste alsacienne expatriée à Paris, la volubile Catherine Sandner alias Catoch' s’est fait un nom à travers son One Woman Show plein d’auto-dérision. Entretien sans filtre avec une quinqua bien décidée à assumer sa version de l’Alsace !
De quelle Alsace êtes-vous originaire ?
J’ai grandi à Eichhoffen, un petit village alsacien de 400 âmes, quelque part entre l’ère des dinosaures et celle des tamagotchis. Je suis née d’un père patriarche à l’ancienne et d’une mère allemande qui m’a eu à l’âge de 18 ans. Je suis de l’époque de la pré-pilule. Je suis un peu un accident comme on dit, une énergumène qui a eu très vite envie de monter à Strasbourg puis à Paris.
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Pourquoi Paris ?
Je suis montée à Paris pour faire carrière dans le marketing et la communication, tout en restant titillée par le syndrome « j’aurais voulu être une artiste ». J’ai créé mon entreprise à l’âge de 25 ans puis j’ai divorcé de mon premier mari, un Albanais du Kosovo, à 28 ans. Au même moment, j’ai déposé le bilan et c’est là que j’ai décidé petit à petit de ne plus consacrer ma vie entièrement à mon métier. Je suis ce qu’on appelle une slasheuse. J’ai été chroniqueuse chez Christine Bravo dans l’émission Douce France, auteure pour la télévision, la presse, le net et l’édition. Vers la fin de ma trentaine, je me suis mariée et eu deux enfants. Au sein de mon entreprise, j’ai pu obtenir mon vendredi afin de consacrer davantage de temps à des projets plus personnels. J’ai aussi fondé un blog, écrit un roman chez Stock, une trentaine de guides psycho-humoristiques pour Hachette ainsi que des guides touristiques.
« J’habite à Paris depuis 35 ans et je n’ai jamais perdu mon accent »
A quel moment avez-vous embrassé la scène et le stand-up ?
Cela s’est joué au tournant de mes 50 ans. J’avais de plus en plus cette envie en moi de faire rire en racontant ma vie. J’ai commencé par me former en m’inscrivant à l’école du One-Man-Show en 2015. Je n’avais jamais fait de théâtre. En revanche, l’écriture, c’était vraiment mon truc. J’ai rapidement compris que l’écriture comique était bien différente. Il ne s’agit pas de quelque chose de littéraire. J’avais la présence scénique et l’énergie mais j’étais trop descriptive. Il a fallu déconstruire pour apprendre la mécanique de l’écriture comique. J’avais 50 ans de vie à raconter mais je ne voulais pas être drôle pour être drôle. J’ai beaucoup bossé. C’est pourquoi j’aime ce positionnement de slasheuse dans mes missions de tous les jours. Quand je fais du One Woman Show, c’est mon côté artiste qui revient et je suis alors capable d’être rongée par le doute. Comme une superwoman qui a perdu ses pouvoirs. Cela m’a pris deux ans pour trouver mon lâcher prise. J’ai ensuite été sélectionnée pour intégrer la troupe du Big Show, avant de créer mon seule en scène Nom d’une Quetsche en 2019.
Votre spectacle, qui se joue actuellement au Théâtre Le Paris de l’Humour (anciennement Boîte à Rire), attire notamment la curiosité des expatriés alsaciens. Quelle est votre marque de fabrique ?
J’habite à Paris depuis 35 ans et je n’ai jamais perdu mon accent. L’idée de départ était de construire une histoire à partir de cela. C’est très spécifique l’Alsace. Un Breton ou un Corse qui quitte sa région, il va revendiquer sa culture, son accent, etc. Un Alsacien, c’est différent. Il ne va pas forcément le revendiquer en dehors. Il va essayer de gommer son accent pour que l’on ne sache pas qu’il est Alsacien. C’est pour ça que le commun des mortels ne connaît pas de grands noms alsaciens, alors que Alain Bashung ou même Matt Pokora sont Alsaciens ! Ce que je raconte avant tout, c’est le destin d’un personnage.
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Vous dites régulièrement que vous êtes un peu la Jane Birkin de l’Est ? C’est-à-dire…
En fait je raconte l’histoire d’une provinciale qui monte à Paris en ajoutant le côté interculturel de ma vie. Mon cœur de cible, c’est vraiment l’expatrié alsacien ou quelqu’un qui a lien émotionnel avec l’Alsace. Très vite, d’ailleurs, j’ai joué à Bruxelles, au Canada. L’Alsace, c’est le fil rouge, mais je parle de plein d’autres choses à la manière d’une lettre persane. C’est le regard un peu décalé sur la vie et sur le monde d’une quinqua alsacienne expatriée qui parle sans filtre.
« Il y a plein de façons d’être une vraie alsacienne »
Ce mode sans filtre vous amène même à parler de l’incompétence des cigognes… En quoi sont-elles incompétentes ?
Ah la cigogne, c’est mon autre fil rouge. Je parle du fait qu’elles font exprès de voler au-dessus du pensionnat pour faire croire que quelqu’un est enceinte. Aujourd’hui, en Alsace, elles font leurs nids sur des poteaux électriques et créent des courts-circuits, plongeant dans le noir certains quartiers. C’est presque devenu une nuisance. Je parle aussi d’une cigogne qui se serait trompée de cheminée et ce pourquoi je n’aurais pas dû naître. La cigogne inspire même des lieux, comme l’ouverture du Drunky Stork Social Club (ndlr : la cigogne bourrée) à Strasbourg !
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C’est vrai que vous boudez le baeckeofe ?
Il y a plein de façons d’être une vraie alsacienne. Ce n’est pas parce que je n’aime pas le baeckeofe ou que je ne bois pas du pinot noir que je n’en suis pas une. En vérité, il y a quelques domaines où je suis une imposture. Il faut dire qu’à l’âge de 9 ans, lors d’une fête de village, j’ai vidé tous les verres de vin blanc qui traînaient sur une table. J’ai été tellement malade que je ne supporte plus depuis ce jour l’alcool fermenté. Vous vous rendez compte, une Alsacienne qui ne boit pas de bière !
Quelle est votre actualité ces prochaines semaines ?
Vous pouvez me retrouver chaque samedi d’octobre à 18h30 au Paris de l’Humour. Je continue également à me produire sur des plateaux avec la troupe du Big Show. Je vais également recommencer à me produire en région, comme le 31 octobre à Ambronay dans l’Ain. Je réponds aux désirs des gens. Organisez-moi quelque chose et je viens.
Alors rendez-vous bientôt sur scène à bord du Doubs, notre bateau dédié à l’événementiel ?
Pourquoi pas, avec plaisir ! Peut-être que je suis déjà montée à bord sans le savoir. Le plaisir m’a toujours guidé. A partir du moment où quelqu’un a envie que je joue chez lui, c’est toujours plus fort !
En savoir plus ?
https://www.catoch.com/
Recueilli par Florian Dacheux
A propos de l'auteur
Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.