Réalisés en petites séries et certifiés bio, les spiritueux de la Distillerie de Strasbourg sont élaborés à base de produits locaux. On en parle avec Nicolas Kretz, distillateur en chef.
Connaissiez-vous l’existence de la Distillerie de Strasbourg ? Direction le Neuhof, au 32 de la rue Heitzmann, où se trouve l’atelier de production de cette jeune entreprise locale. Nous sommes en 2019 quand quatre amis d’enfance, issus du monde du marketing et de la vente, se mettent en tête de se lancer dans la distillation et la création de spiritueux, leur nouvelle passion. Cinq ans plus tard, ils ne sont plus que deux à bord. Et l’activité ne manque pas pour cette distillerie artisanale qui est la première en 35 ans à s’installer au cœur de la capitale alsacienne.
« Au départ, nous étions davantage animés par l’envie d’ouvrir une brasserie car on s’intéressait au monde de la bière, confie Nicolas Kretz. On a vu que des distilleries se montaient aux Etats-Unis comme des micro-brasseries d’il y a 20 ans. Cela nous a donné des idées. On a finalement décidé de se tourner vers les spiritueux. Je suis parti me former aux techniques de distillation à Cognac. J’avais déjà un peu distillé dans le giron familial. Le temps de faire les démarches administratives et de trouver le matériel, on a commencé à commercialiser juste après le premier confinement en 2020. »
Vodka poupée russe © Distillerie de Strasbourg
Alambic en cuivre et circuits courts
Pour ce faire, Nicolas et les siens ont dû aller chercher les financements nécessaires. Au terme d’une campagne de financement participatif sur Ulule et grâce au soutien du FEDER et d’Alsace Active, ils ont pu commander un majestueux alambic hybride de 230 litres, chauffé à l’électricité. « Il est magnifique, s’exclame Nicolas. Il est en cuivre. C’est vraiment la pièce centrale. Une belle pièce traditionnelle et faite en Alsace. Il a été fabriqué, martelé et assemblé à la main par la célèbre entreprise familiale Müller Gmbh à Oberkirch. Il apporte à nos spiritueux une saveur et un goût unique. Nous bénéficions même d’une colonne en plus, ce qui nous évite de faire une double distillation. »
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L’Alsace, c’est justement le terrain de jeu de la Distillerie de Strasbourg qui a fait le pari de tout miser sur des produits locaux. Ses spiritueux sont fabriqués à base de matières premières biologiques et ses fournisseurs sont tous situés en circuit court. Citons notamment Les Jardins de la Montagne Verte, une entreprise de maraîchage bio de l'économie solidaire où ils s’approvisionnent en romarin, coriandre, lavande et autres plantes aromatiques. Mais aussi la Brasserie Bendorf (dont le moût d’orge sert à l’élaboration du whisky), Maltala, qui transforme à Bergheim des céréales bio en malt bio et local, ainsi que la Verrerie du Futur de Sainte-Croix-en-Plaine pour les bouteilles. Sans oublier Europrocess de Duppigheim qui, depuis deux ans, a pris en charge l’impression des étiquettes, jusqu’ici élaborées par l’artiste-tatoueuse AnK von Annika.
© Distillerie de Strasbourg
Du gin, de la vodka et des whiskys 100% alsaciens
Au-delà de son savoir-faire en distillation, l’équipe s’est également formée à la connaissance des aromates pour libérer son processus créatif. « Sur un catalogue d’une quarantaine de plantes aromatiques des Jardins de la Montagne Verte, on en a sélectionné 23 qu’on a ensuite macérées séparément et assemblées. On réalise des assemblages comme on peut le faire avec un parfum pour trouver la bonne recette. »
A l’arrivée, leurs bonnes recettes produisent une délicieuse vodka intitulée "Poupée Russe", élaborée à base de notes subtiles de céréales. Côté whisky, "l’Esprit de Malt" est vieilli en fût neuf pendant huit mois en collaboration avec la Brasserie Bendorf. La Distillerie de Strasbourg produit également trois Gin : un Gin classique (mélange de 8 aromates), un Gin floral dit "rosa" (mélange de 12 aromates dont le géranium rosat), et un troisième de saison, aux épices de Noël.
Réalisé en partenariat avec Bluema, ce dernier Gin est très plébiscité cet hiver pour son assemblage dépaysant. Le gin et l’infusion de cette collaboration ont en effet été réalisés avec une sélection identique d’épices Bluema, issues de l’agriculture biologique. Au menu ? Baie de genévrier, cannelle, gingembre, cardamome et clou de girofle !
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« On tient à cette transparence sur la provenance »
En respectant leur volonté de produire un alcool raisonné, ils ont fini par obtenir avec brio le label Agriculture Biologique. Ils inscrivent même les ingrédients au dos de chaque bouteille. Une autre manière, une fois encore, de se démarquer. « Oui, on tient à cette transparence sur la provenance et la traçabilité, contrairement à d’autres grands producteurs de spiritueux. On a rien à cacher, bien au contraire. »
Pour dénicher leurs saveurs incomparables, rendez-vous dans la majorité des cavistes de Strasbourg, mais aussi dans les réseaux Biocoop, Ruches et aux Jardins de la Montagne Verte. Outre certains bars et restaurants, on retrouve également leurs produits sur le marché de Berlin, et bien évidemment via leur boutique en ligne. « Un jour, l’objectif, est de s’agrandir pour pouvoir accueillir des personnes et des groupes. Nous avons déjà été sollicités par l’office de tourisme mais, pour l’heure, notre local ne nous le permet pas. Le bail nous interdit de recevoir du public. Plus tard, on aimerait beaucoup organiser des ateliers dégustation et des visites. Notre alambic mérite le coup d’œil. »
En attendant, Nicolas Kretz et son complice Julien Wackenheim préparent un tout nouveau whisky pour fin 2024. Pour ces micros-distillateurs attachés à leurs racines, on dirait bien que l’aventure ne fait que commencer…
Gin rosa © Distillerie de Strasbourg
INFOS PRATIQUES :
- Distillerie de Strasbourg
- 32, rue A. Heitzmann à Strasbourg
- Contact : contact@distillerie-strasbourg.com
- Site web
- Livraison gratuite en mondial Relay
Auteur : Florian Dacheux
A propos de l'auteur
Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.