Depuis plus de 20 ans, le collectif LGBTI+ Festigays revendique son droit à l’amour. Dès le 17 mai, démarre un mois de manifestations pour faire décoller la vie festive et engagée à Strasbourg.
Fêter et exister.
« Existons » est le thème de cette nouvelle édition de Festigays, la manifestation en faveur des droits des personnes LGBTI+ à Strasbourg. Depuis 2002 déjà, la Marche des visibilités, qui a lieu cette année le 17 juin, est le temps fort. Mais les manifestations, sérieuses ou festives, se multiplient pour favoriser les rencontres et faire changer les regards. Pendant un mois, on fera la fête, on priera et on pensera avec les LGBTI+ de Strasbourg. Une démarche toujours utile, et peut-être même encore plus aujourd’hui, tant la situation est jugée critique par Matthieu Wurtz, président de Festigays.
Ça craint ce retour en arrière.
« Nous voulons arrêter de nous cacher et tout simplement être là, ce qui n’est pas si simple. En témoigne l’exemple récent du petit Lucas, victime d’homophobie. Et la situation se tend dans différents pays du monde : « Don’t say gay » aux USA, une loi anti-représentation des LGBTI+ en Hongrie, la Russie cherchant à taire toute mention d’existence des LGBTI+, la coupe du monde au Qatar supprimant tout rainbow (le drapeau arc-en-ciel, emblème de la communauté... ». Matthieu Wurtz constate à regret : « Il y a eu un mieux et maintenant, on assiste à un retour en arrière ». Son association évoque l’actualité française: « Éric Zemmour et sa proposition de suppression de mention LGBTI+ à l’école, la polémique de la Drag Queen la Maryposa avec sa lecture de contes pour enfants jetée en pâture, la suppression du concert de Bilal Hassani… Son effet est désastreux et nous ne pouvons pas continuer sans élever la voix. Nous pensons notamment au harcèlement scolaire et aux suicides d’adolescents. » Le taux de suicide des LGBTI+ serait 14 fois plus élevé que celui des autres Français, relève Matthieu Wurtz, selon qui les réseaux sociaux ont un effet catastrophique, en ce que certains, bien cachés derrière leur écran, peuvent tranquillement en lyncher d’autres.
Espoir en les jeunes et LA pédagogie.
Face à cette situation, le président de Festigays aimerait éduquer l’ensemble de la population, expliquer qui sont les personnes LGBTI : « Elles ont toujours existé, existent toujours et ne sont pas dangereuses ! » L’association souhaite pouvoir travailler avec les écoles. « Certaines interviennent déjà en milieu scolaire, mais uniquement à la demande des établissements. Celle-ci arrive souvent quand il est trop tard. » Ce mois des visibilités est une véritable démarche pédagogique pour se faire mieux connaître, mais aussi pour se re-connaître. Matthieu Wurtz évoque une évolution au sein de la communauté LGBTI+ : « L’ancienne génération de militants se battait pour être comme tout le monde, pour se fondre dans la masse. Alors qu’aujourd’hui, la nouvelle génération affirme ses différences au sein même de la communauté. Nous luttons contre cette tendance afin de fédérer toutes ces mouvances. Nous ne voulons pas sectariser mais vivre ensemble. »
Au programme cette année qui marque les 10 ans dU mariage pour tout.E.S.
Cette année marque celle des dix ans du mariage pour tout.e.s, « un droit fort et symbolique, qui nous a permis de prendre la place que nous méritons dans la société. Non, tu n’as pas à te cacher parce que tu es LGBTI+. Oui, nous t’aimons. Oui, ça ne change rien à la manière dont je te vois », rappelle l’association.
Deux fois plus de chars (love love).
La Marche des visibilités est un défilé militant pour montrer avec panache que les LGBTI ont leur place dans la société et qu’ils veulent mettre fin aux dénigrements, aux préjugés, aux discriminations. Depuis la première marche à Strasbourg rassemblant 3 000 personnes en 2022, les associations et les participants se mobilisent: ils étaient 18 000 l’an dernier, malgré la chaleur caniculaire. Et cette année, le nombre de chars qui défileront a plus que doublé par rapport à l’an dernier.
Drag kings, badminton et chorale.
Ce mois de manifestations se veut un mois de fêtes. « Avec le confinement, la vie associative festive a fondu. Nous avons à cœur de recréer du lien entre les associations : c’est notre objectif. Nous avons recontacté toutes celles qui animaient la vie nocturne de Strasbourg et nous avons organisé ensemble des soirées afin de créer de la diversité et de faire se rencontrer les publics. Par exemple, pour la soirée du 20 mai (soirée d’ouverture avec drag show), Festigays a fait appel à l’association Juin 69, à une chorale et à une troupe de drag queens et de drag kings. L’idée est de créer du lien », revendique Matthieu Wurtz.
Pour les 20 ans d’une association de badminton, un tournoi sera pimenté par une chorale…
Regain de fête locale.
Pour réussir à faire se rencontrer les gens, à les décoller de leur ordinateur devenu leur meilleur ami, Festigays multiplie les lieux de rencontres en investissant des lieux qui ne sont pas estampillés LBGT+. « C’est à double emploi : cela permet à tous de se redécouvrir et de découvrir de nouveaux endroits. Et cela contribue à l’ouverture des esprits puisque c’est ouvert à tous les non-queer ou non-LGBTI. » A découvrir donc, le café Grognon à Neudorf, le People Hotel, le Kino, la Bouture, la Péniche mécanique…
Du pole dance à la prière.
Opéra, pole dance, apéro queer, brunch et pique-nique, soirée fetish ou disco à paillettes, canapé quizz, bingo drag, randonnée et journées vélo, tournoi de badminton en musique, drag show… : les réjouissances sont nombreuses. Les temps plus sérieux également : inauguration de l’exposition Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie (à Mulhouse), tables rondes sur les violences sexistes, veillée de prière, journée contre les LGBTPhobies, émissions Voix queer…Des manifestations sont également prévues dans le Haut-Rhin.
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Auteure : Lucie Michel
Marche des visibilités samedi 17 juin, départ de la place de l’Université à 14 h 15. Itinéraire de la marche, programme complet des manifestations et liste des associaions partenaires sur https://festigays.net/