Près de 180 créateurs européens révèlent la délicatesse des métiers d’art au salon Résonances, où hommage est rendu à l’un des Strasbourgeois les plus connus au monde : Thierry Mugler. A Strasbourg mi-novembre
Brodeurs à l’aiguille ou souffleurs de verre, céramistes ou stylistes, sérigraphes ou métalliers : tous ces artisans d’art sont invités à Résonances, salon européen des métiers d’art organisé par la Fédération des métiers d’art d’Alsace (Fremaa) depuis maintenant 10 ans. Ils y présentent les dernières tendances en matière de mobilier, de décoration, de sculpture, de mode, de luminaires, d’arts graphiques et d’arts de la table.
Mais qu’est-ce qu’un artisan d’art ? Selon la définition officielle, c’est un professionnel qui met en œuvre des savoir-faire complexes pour transformer la matière, qui produit des objets uniques ou de petites séries à caractère artistique, et qui maîtrise ce métier dans sa globalité. Ces professionnels s’expriment dans des domaines tels que l’architecture et les jardins, l’ameublement et la décoration, la bijouterie et l’horlogerie, la céramique, le cuir, la facture instrumentale, les ouvrages mécaniques, le luminaire, le métal, la mode, le graphisme, le verre…
La démesure de Thierry Mugler
« Ma mesure, c’est la démesure », assumait le styliste génial Thierry Mugler. Pour ses 10 ans, le salon rend hommage à ce Strasbourgeois célèbre pour son talent de styliste, mais aussi de photographe et de metteur en scène, décédé en janvier 2022. Les archives de la Maison Mugler mettent à disposition de la Fremaa un ensemble d’œuvres originales du créateur pour une exposition forcément émouvante.
À 14 ans, Thierry Mugler rejoint le Ballet de l’Opéra national du Rhin en tant que danseur classique, où il s’imprègne très tôt de la magie de la scène et des costumes, mais aussi de la rigueur, de la discipline et du travail du corps. En parallèle, il suit un cursus d’architecture intérieure à l’École des Beaux-Arts de Strasbourg. En 1974, à Paris, il lance sa première collection de prêt-à-porter, Café de Paris, dévoilant des tailleurs sévères, à la taille cintrée et aux maxi-épaules pour une silhouette de maitresse-femme rigide. Alors que la mode est plutôt hippie cool informe, le succès est immédiat. Puis l’artiste quitte définitivement la mode en 2003 pour entamer une nouvelle carrière de metteur en scène, notamment pour Le Cirque du Soleil et pour Beyonce, et de photographe.
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Métamorphoses de verre
Autre temps fort du salon, l’exposition d’œuvres du verrier Antoine Leperlier, issues de la Michel Seybel Contemporary Art Collection, dans le cadre de l’Année internationale du verre proclamée par les Nations Unies. Artiste contemporain, Antoine Leperlier est un spécialiste de la pâte de verre. Ses œuvres sont exposées dans de nombreux musées et galeries, notamment aux États-Unis et au Japon. La matérialité du verre inspire à cet artiste issu d’une lignée familiale de verriers une rêverie métaphysique sur le temps. « Le verre est élastique. Il est de la même formule chimique que la céramique. À un certain degré de cristallisation, la céramique reste fixe, alors que le verre peut revenir à l’état liquide, se métamorphoser à nouveau. »
Bouteilles aux enchères
Pour la 3e édition consécutive, le salon Résonances propose l’exposition collective BOTTLE. COLLECT[S]. Celle-ci rassemble 30 créateurs qui revisitent et subliment un objet du quotidien : le flacon. L’exposition promet des surprises, puisque les artistes qui se sont prêtés au jeu sont aussi bien céramistes que maroquiniers, brodeuse d’art que fileuse au chalumeau, sculpteur papier qu’ébéniste. Diversité de styles, de matières, de tailles et de formes assurée ! Avis aux amateurs d’art et aux collectionneurs, cette exposition collective donnera lieu à une vente aux enchères au profit de l’association Zéro Déchet Strasbourg, samedi 12 novembre à 17h.
Plutôt vannerie ou plutôt poterie ?
Plusieurs ateliers pédagogiques pour enfants sont proposés de vendredi à dimanche, pour développer la créativité et les aptitudes des enfants à travers une découverte ludique et concrète de la matière. Les places étant limitées, les inscriptions se font sur le site : www.salon-resonances.com (10 € par atelier, matériel fourni, durée : 1h30). Au choix : découverte de l’impression typographique avec d’anciennes lettres d’impression pour composer son prénom (pour les 7 à 12 ans, vendredi 11 novembre à 10h30, 13h, 14h45 et 16h30) ; découverte de la vannerie (pour les 6 à 15 ans, samedi 12 novembre à 10h30, 13h, 14h45 et 16h30) ; découverte de la poterie avec création d’un petit bol à la main (pour les 6 à 15 ans, dimanche 13 novembre à 10h30, 13h, 14h45 et 16h30).
Au plus près du chalumeau
Outre les nombreux stands d’artisans parmi lesquels déambuler, le salon propose des conférences et des projections, ainsi que des démonstrations commentées en direct. Trois créateurs font découvrir les gestes et techniques de leur métier au public et répondent aux questions : la technique du verre au chalumeau, par Théophile Caille, samedi 12 novembre à 11h et 15h30 ; le tissage sur un métier à tisser par l’Atelier Tara, dimanche 13 novembre à 11h et 16h, puis l’orfèvrerie par Isabelle Fustinomi, lundi 14 novembre à 11h et 15h.
Pétition sur la formation
Mais derrière la beauté des créations présentées par Résonances, se cachent bien des difficultés, notamment en matière de formation. Une pétition contre la déliquescence des formations aux métiers d’art a été récemment lancée. Elle revendique notamment une démarche d’enseignement de la création adaptée aux spécificités des métiers d’art, ainsi que la valorisation de ces métiers dans les parcours de formation des jeunes. Un salon comme Résonance œuvre sans nul doute à ce dernier souhait.
Auteure : Lucie Michel
Salon Résonances organisé par la Fremaa au parc des expositions de Strasbourg du 11 au 14 novembre de 10 h à 19 h 30 (lundi 14 jusqu’à 18 h). Tarif : de 6 à 10 €. Programme complet sur www.salon-resonances.com