Vous l’avez sans doute remarqué, depuis quelque temps sur notre blog, on aime vous parler de ces folles histoires survenues dans notre chère et tendre capitale alsacienne. Ces récits, comme l’attentat de l’ENA ou celui de la boite de cigare que nous vous avons récemment raconté - bien qu’ils ne soient pas très réjouissants - font partie de notre histoire. Ils nourrissent nos fantasmes et notre imaginaire, alors on s’y intéresse. L’histoire dont nous parlons aujourd’hui, est certainement l’une des plus incroyable de notre Histoire récente. Et encore une fois, à Strasbourg, presque tout le monde l’a oublié, sauf les grands médias comme France Bleu ou les DNA dans lesquels nous avons puisé certains éléments de cette histoire. Voici le récit du braquage de l’Hôtel des Postes.
Nous sommes en 1971 à Strasbourg, du côté de l’Hôtel des postes, aux abords de l’actuel TNS (théâtre national de Strasbourg). C’est dans cet énorme bâtiment gris, aux airs de château un peu austère, construit en 1899, que se sont déroulés les faits de ce qu’on appellera par la suite, le casse du siècle.
Exceptionnel, hors du commun, le braquage de tous les superlatifs
Nous sommes le 30 juin 1971. L’été est installé, Georges Pompidou est aux commandes du pays, Pierre Pfimlin est maire de Strasbourg, et la France ne sait pas encore que les 30 glorieuses toucheront bientôt à leur fin. Globalement, l’insouciance règne. Mais ce jour-là, à 9h du matin, il se passe quelque chose à l’Hôtel des Postes, cet immense édifice qui est tellement fondu dans le décor que l’on ne le remarque même plus. Un fourgon blindé, précédé d’une voiture de police, se gare dans la cour du bâtiment, quatre postiers déchargent des sacs de billets. Jusque-là, rien d’anormal. Mais un témoin, monsieur Francois Burgard, journaliste aux DNA, et témoin privilégié ce jour-là, décrit la scène.
Mr Burgard, dont le témoignage se retrouve dans de nombreux médias alsaciens et nationaux, parle d’un fourgon en provenance de la Banque de France située toute proche. Celui-ci venait approvisionner la poste en argent liquide, à priori destiné à payer les retraites d’un bon nombre d’Alsaciens. En tout, plus d’un milliard d’anciens francs sont déposés par des agents de la banque escortés par 4 policiers, soit 1,6 millions d’euros, une somme astronomique aujourd’hui (et encore plus à l’époque). Ces milliers de billets, destinés à remplir le coffre-fort situé à l’intérieur de l’Hôtel des Postes, circuleront d’abord dans les couloirs de l’établissement, très fréquentés ce jour-là. Mais, avant que les postiers ne transfèrent l’argent dans la salle des coffres, des hommes habillés en bleu de travail, censés vérifier les chauffages, sortent des armes et menacent les postiers. Ces voleurs, qui portent alors des masques, récupèrent le pactole, le chargent dans une estafette (un petit fourgon de l’époque) et s’enfuient sans aucune violence.
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Un casse parfait, soigneusement millimétré
Des hommes en bleu de travail, un petit fourgon garé devant les lieux du crime, des masques pour se dissimuler le visage, on est là devant un scénario digne d’un film d’époque, presque le cliché du cambriolage parfait. Pourtant, avec peu de moyens, ces hommes sont arrivés à leur fin, et le butin colossal n’a jamais été retrouvé. Mais cette caricature du baraque (braquage), ne doit pas effacer l’organisation méticuleuse derrière les faits, les malfaiteurs avaient en effet préparé leur coup, et, de longs mois avant le braquage. Ces derniers avaient étudié le bâtiment de fond en comble, sont arrivés à se faire passer pour des techniciens, mais surtout, ils ont réussi à faire changer la serrure d’une porte habituellement condamnée qui donnait sur la fameuse avenue de la Marseillaise de laquelle se sont tranquillement enfuis les malfaiteurs.
On aimerait que l’histoire dure, que des rebondissements surviennent, que des suspects soient traqués, arrêtés, jugés, mais non. Aujourd’hui, personne n’a été condamné ni même inquiété pour ce qui semblerait être le tout premier « casse du siècle » évoqué sous ce terme-là. Même si un membre du Gang des Lyonnais aurait avoué son implication, personne n’a jamais été condamné pour ce vol, et désormais, plus personne ne le sera. La prescription a fait son temps, le braquage de la Poste gardera tous ses secrets.
Auteur : Bastien Pietronave