La 7e édition des Rencontres de l’illustration démultiplie des mondes insoupçonnés de fantaisie esthétique et graphique. Du 17 au 31 mars à Strasbourg, se télescopent une battlestar de dessins, une parade de kakemonos, des expositions, des ateliers de dessins, des conférences…Quasi tout est gratuit pour le public.
Couleurs explosives pour oublier la grisaille de notre actualité, mondes imaginaires les plus fous, rencontres au plus près avec le dessinateur belge Jean-Michel Folon et avec l’artiste contemporain berlinois Henning Wagenbreth, battle de dessins au cinéma, atelier de réinterprétation d’œuvres de Gustave Doré en linogravure, expositions de carnets d’artistes, salon d’indépendants du monde actuel de l’illustration, éclairage sur l’invention de Gutenberg…Impossible de résumer le programme des 15 jours plus que remplis de la 7e édition des Rencontres de l’illustration 2022 de Strasbourg. Sur le thème « Au-delà des frontières », elle se décline dans plus de 30 lieux culturels de la ville, accueillant la 12e édition du festival d’illustration, de bande dessinée et de dessin Central Vapeur. Sélection subjective en 9 points.
Invité d’honneur 1 : Henning Wagenbreth
Artiste de Berlin, Wagenbreth a peint plus de 1300 blocs de bois de dessins et de mots. Assemblés, ces blocs permettent de construire des images, des sculptures et des bâtiments entiers. Ce système de composition est imaginé comme un jeu ou une machine à illustrer, baptisé Tobot (contraction de Toy et de Robot). Au 5e Lieu, en face de la cathédrale, Wagenbreth construit sa propre cathédrale en blocs Tobot sur laquelle se lisent des messages poétiques, absurdes, comiques, troublants ou même fantastiques. Du 17 mars au 22 mai, entrée libre.
Concert coloré et folklorique
L’illustrateur Henning Wagenbreth est membre du groupe Mazookas, composé de designers et d’illustrateurs originaires de Berlin. Inspirés de l’univers de l’auteur comme de la musique folklorique de l’Europe de l’Est ou de la côte ouest des États-Unis, les cinq musiciens jouent de leurs instruments insolites et de leurs marionnettes avec humour et ironie. Des effets visuels et des projections pimentent la performance. Vendredi 25 mars à 20h à l’Aubette 1928 (place Kleber), gratuit.
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Dans les rues
Festive, l’inauguration des Rencontres se passe dans la rue lors d’un défilé de kakemonos représentant des micronations imaginées par 40 illustrateurs. Jeudi 17 mars de 16h à 18h. Et un parcours d’affiches est installé sur le quai des Bateliers du 17 mars au 5 avril. Il invite à découvrir la nouvelle bande dessinée d’Elizabeth Holleville, pour un crépuscule vosgien aux frontières du réel. Les planches de cette exposition sont tirées "d’Immonde !", parue chez Glénat en 2021. Exposées au format affiche, sélectionnées et réorganisées par l’autrice, ses planches content une histoire dont les passants doivent combler les trous. Le tout se tient dans le cadre de la 12e édition du festival Central Vapeur.
Battlestar de dessins : suspense !
Le cinéma Star Saint-Exupéry accueille une bataille au sommet. Ingrédients : du cinéma + 2 équipes de 4 illustrateurs + 2 tables à dessin devant le public + 1 grand écran divisé qui montre l’évolution des dessins sur chaque table + 20 confrontations en direct + 1 à 3 minutes pour gagner le match + 1 public-jury armé de cartons + 1 juge-arbitre toute puissante + 1 pôle animation pour compter les points et faire des bruits bizarres… Epreuves de cette lutte impitoyable : Dessinez la suite -Dessinez ce que vous entendez - Dessinez d’après le résumé- Dessinez l’affiche - Devinez le titre du film dessiné.
Sérigraphie explosives et loups gentils (presque)
Au rang des nombreuses expositions, citons celle de planches originales d’Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg (médiathèque Malraux) qui ont déjà créé une dizaine de BD. Ils y explorent les destinées singulières de personnages souvent tiraillés entre la place que leur laisse la société et leurs rêves (dédicace samedi 26 mars à 16h). Celle aussi de sérigraphies conceptuelles et très fortes de deux anciens étudiants de la HEAR, Simon Thompson et Tristan Pernet, fondateurs du Paris Print Club (à la Chaufferie, du 19 au 27 mars).
Le thème du loup est largement traité lors de ce festival, notamment lors de contes, de lectures, de spectacles, d’ateliers (jeux, peinture en réalité virtuelle) et de l’exposition Portraits de loups par de nombreux illustrateurs contemporains, à la Médiathèque ouest du 17 mars au 16 avril.
Invité d’honneur 2 : Gustave Doré
Des journées d’études proposent un nouveau regard sur l’œuvre imprimée de Gustave Doré en étudiant ses sources graphiques et littéraires et en situant sa production dans le paysage de l’édition illustrée. Les 17 et 18 mars à l’auditorium des musées (MAMCS). Un workshop animé par la Brigade Bible Doré invite tous ceux qui le veulent à réinterpréter en linogravure les images bibliques de Gustave Doré. Les 23 et 24 mars au MAMCS (entrée libre, tarif du musée).
Un tableau perdu…
Une conférence invite à redécouvrir le tableau Gutenberg inventant l’imprimerie à Strasbourg. Célébré au XIXe siècle mais considéré comme perdu depuis 150 ans, le tableau représentant Gutenberg à Strasbourg peint par Gabriel-Christophe Guérin est un exemple précoce de la reconnaissance de Strasbourg envers l’inventeur. Le 23 mars à 18h30 à l’Auditorium des musées.
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…et des carnets d’artistes ressortis
Ouvrir le carnet d’un artiste, c’est entrer dans un laboratoire. Des ébauches, des descriptions ou des impressions côtoient le souvenir d’œuvres admirées ou de choses vues, qui serviront de modèles. Toutes les techniques sont sollicitées : textes, dessins, photographies, documents divers collés sur la page…A découvrir, une sélection de carnets de Camille Claus, Carl Haller von Hallerstein, Edouard Schimpf…A la BNU du 23 mars au 30 avril.
Invité d’honneur 3 : Jean-Michel Folon (1934-2005)
Un parcours de 150 œuvres originales et documents retrace 40 années d’une création multiforme. Folon a témoigné d’une curiosité inlassable pour des univers graphiques très différents, celui des affiches pour le cinéma ou le générique d’Antenne 2 à la télévision. Par le dessin d'humour et de satire, il s’est attaché à illustrer les grands maux de la société contemporaine. Il s’est tout particulièrement intéressé à la place de l’humain dans son environnement et a créé un personnage iconique, qui évolue dans un univers labyrinthique et mécanisé. La guerre, le nucléaire, la violence et le totalitarisme constituent une iconographie qui apparaît de manière récurrente chez Folon. Au musée Tomi Ungerer du 18 mars au 3 juillet.
Le programme est bien plus riche encore sur le site web.
Auteure : Lucie Michel