Dans la série des mythes, légendes et autres histoires murmurées dans les villes et villages, je demande la légende de Lorelei.
Ce nom, c’est d’abord celui d’un rocher perché à plus de 132 mètres de haut, sur une montagne située sur les rives allemandes du Rhin. Mais c’est aussi le nom donné à une nymphe : une belle jeune femme (comparable à une sirène) qui aurait causé le naufrage de plusieurs navires et fait de nombreux morts à travers les âges, à l’endroit précis où le rocher trône toujours fièrement. Forcément, chez Batorama, lorsque l’on parle de bateaux, de fleuves et de légendes, on a envie d’aller plus loin et d’en savoir un peu plus, même si c’est uniquement pour rêver un peu. Voilà pourquoi, aujourd’hui, on vous raconte la légende de la fille aux cheveux dorés, aussi appelée la légende de Lorelei.
Nous sommes à environ 170 kilomètres de Strasbourg, à l’endroit exact où le Rhin est le plus étroit, et où le courant est également le plus violent. C’est en ce lieu précis qu’est née cette légende dont nous parlons aujourd’hui. Lorelei (ou Loreley), serait une jeune fille, qui, assise sur ce fameux rocher, envoûterait les marins qui entendent son chant. Étourdis par la mélodie, ils en auraient oublié les courants du Rhin et auraient chaviré dans les profondeurs. Sorcière envoûtante, sirène, nymphe, tous les noms se croisent dans les différents écrits historiques, et forcément chacun y va de sa propre interprétation. Certains racontent qu’elle attendrait son véritable amour qui l’a quitté, il y a fort longtemps, d’autres disent qu’elles emmèneraient les marins imprudents dans les profondeurs, d’autres encore stipulent qu’elle ne serait que l’esprit d’une femme qui aurait mis fin à ses jours par amour…Mais tous s’accordent à dire qu’à l’endroit où les marins l’aperçoivent, de nombreux marins auraient péri. Aujourd’hui, le mythe de Lorelei est encore bien ancré dans la croyance populaire allemande, et le rocher du même nom est depuis longtemps devenu un site touristique majeur outre Rhin.
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Mais alors, d’où vient cette légende ? Entre Poésie et Légende
La légende dont nous parlons aujourd’hui aurait été attribuée au poète romantique allemand Clemens Brentano qui à l’origine (en 1801) aurait inventé ce personnage pour symboliser l’amour passionnel dans la littérature germanique, en voici un court passage :
À Bacharach sur le Rhin
vivait une sorcière
Elle était si belle et délicate
qu'elle brisait beaucoup de coeurs.
Et conduisait au déshonneur
bien des hommes alentour,
Pris dans les filets de l'amour
Pour eux, point de salut.
L'évêque la fit comparaître
Pour son emprise spirituelle -
Mais il dut lui rendre grâce,
Tant son âme était belle.
Et, touché, il lui a dit :
« Mais toi, pauvre Lore Lay !
Qui t'a entrainé
À cette maléfique sorcellerie ? »
« Monseigneur, laissez-moi mourir,
Je suis fatigué de la vie,
Car quiconque voit mes yeux
Court à son péril.
© Ferdinand Marternsteig
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À travers les époques, les penseurs, poètes, et même les groupes de musiques comme Scorpion ont partagé leur propre interprétation du mythe de Lorelei. La littérature allemande l’a par exemple comparé à une amazone ou à une déesse guerrière de la mythologie germanique. En France, c’est le poète Guillaume Apollinaire qui l’a rendu célèbre, Gérard de Nerval l’a également évoqué dans ses récits. Aujourd’hui, bien des années plus tard, des musiciens comme Hubert Felix Thiéfaine ou encore le mythique groupe de rock The Scorpions en ont également fait leur propre interprétation. Évidemment, comme tous les mythes et toutes les légendes, les époques, les histoires qui s’échangent et les bruits de couloirs en modifie la substance. Mais même si l’on est adepte ou non des croyances populaires, tous les écrits s’accordent à dire que, à cet endroit précis du Rhin, il s’est passé quelque chose qui a marqué les esprits et qui aujourd’hui encore continue de noircir les pages et de questionner notre rapport au réel et à la fantaisie.
Auteur : Bastien Pietronave