S'évader dans sa propre ville au ras de l'eau, se prendre pour un touriste le temps d'une balade en bateau...En moins de deux minutes et en mode humour décalé, une vidéo casse les clichés concernant cette forme de visites. Elle veut séduire les Strasbourgeois et les inciter à redécouvrir leur ville sous un autre angle. Zoom sur les coulisses du film.
Il a un visage avenant, il est le genre de copain qu'on aimerait tous avoir, mais voilà, il fait la moue. Sceptique, il hésite : ira ou n'ira pas sur le bateau-mouche, comme tant de touristes de passage à Strasbourg ? Pétri de ses a priori, Séb dédaigne l'une des attractions touristiques majeures de Strasbourg. Le trentenaire strasbourgeois se laisse pourtant tenter ...puis séduire. Et sa jolie petite amie n'y est que pour peu de chose, finalement.
Séb est le héros d'une vidéo d'une minute cinquante commandée par Batorama à la société de production strasbourgeoise 128 DB, à découvrir sur différents réseaux sociaux. « Nous voulions casser les codes et les clichés sur la balade touristique en bateau, avec humour, afin d'inciter les Alsaciens à monter eux-mêmes sur nos bateaux », indique Isabelle Burget, directrice générale de Batorama.
« C'est un travail d'équipe. C'est le réalisateur qui a imaginé ce personnage sceptique : un type qui se laisse surprendre et en est très content, sous un angle malicieux, drôle, un peu second degré. La proposition a été faite en fonction de la demande : montrer la qualité du service, la propreté et le confort des bateaux, la durée ni trop longue ni trop courte des visites, leur prix peu élevé », explique Yann Adnot, chef de projet de la société 128 DB.
Après une première approbation du concept, Batorama a été séduit par le story-board dessiné à la main qui lui a été présenté. « C'est une sorte de bande dessinée montrant les plans-clef du film avec ma voix en off, et définissant les personnages. Dans cette maquette, chaque case est une image associée à ma voix. On a également fait une proposition de musique : un style jazzy à la française qui colle bien à ce genre de projet et à la culture légère et insouciante », poursuit le réalisateur David Heitzmann. « C'est un film pas trop bateau, en mode humoristique, avec une voix off qui donne des coups de coude au comédien. »
Le premier storyboard proposé par 128 DB
Le touriste qu'on ne voit jamais
Qui pouvait incarner la marque et l'image de Batorama ? « On cherchait un Strasbourgeois jeune et consommateur de loisirs, qui se fait une image un peu vieillotte des balades en bateaux », répond Yann Adnot. Le choix du comédien principal par 128 DB a été d'emblée approuvé par Batorama : le comédien professionnel Kim Tassel, que l'on retrouvera bientôt sur le petit écran dans une fiction télévisée, selon la société de production. Celle qui l'invite à l'aventure est Avanyan Ovsanna, sa petite amie à l'écran.
A leurs côtés, une trentaine de figurants proposés par Batorama. Tous montés dans un bateau amarré à l'embarcadère des bateaux, près du Palais Rohan, après avoir passé un test anti-Covid, installés dans le respect des distances sanitaires en vigueur.
Ce jour-là, le 29 mai, est une véritable chance pour l'équipe de réalisation, « le premier beau jour depuis longtemps ». Presque trop beau : « Il y avait un grand soleil et une lumière très dure », explique David Heitzmann à la caméra, secondé par un assistant, par Yann Adnot à l'organisation, par la styliste Jordane Kieffer au maquillage et à certaines tenues, et par Hélène Schaffner, chargée de mission chez Batorama à l'intendance.
Une longue après-midi a été nécessaire au tournage. « Il fallait faire vite car nous avions des contraintes de temps. Nous ne pouvions pas rester trop longtemps à quai, il fallait laisser la place aux autres bateaux. Généralement, en tournage, on n'a pas d'horaire de fin, mais là c'était très timé », précise le réalisateur qui dit n'avoir pas vu le temps passer.
Plans depuis le quai, puis dans le bateau, d'abord amarré, ensuite en mouvement. Zoom sur les pieds d'un touriste : confortablement calés dans des sandales ouvertes et bien au chaud dans leurs chaussettes tirées jusqu'au bas du mollet.
Le film entend tordre le cou aux clichés, certes, mais pas question de faire l'impasse sur celui-là: celui du touriste allemand. « Honnêtement, on n'en voit jamais des comme ça à Strasbourg ! Peut-être sur des plages en Espagne... », s'esclaffe Pierre Stumpf, le figurant qui l'incarne dans ce film. « Pendant le confinement, ce qui me manquait, c'était de ne plus voir les touristes en ville. Alors j'ai trouvé marrant de jouer ce rôle. »
La fête manquée
Filmer avec autant de comédiens et de figurants n'est pas dans les habitudes de la société de production. « Ils ne devaient ni bouger, ni regarder la caméra. » Les figurants étaient d'autant mieux disposés que Pierre Stumpf a assuré l'ambiance à certains moments du tournage. « Il était à fond, il a pris son rôle à cœur », assurent le réalisateur et le chef de projet. « Ils ont même dû me rappeler à l'ordre ! », souligne Pierre Stumpf.
Globe-trotter dans sa propre ville, ce jeune retraité strasbourgeois, qui a créé un blog avec ses photos de voyages, dit être de toutes les visites et expériences de sa ville. Il a adoré se laisser surprendre lors de ce tournage : « Ils ont tourné trois heures pour moins de deux minutes de film : maintenant, je comprends pourquoi on met des mois à faire un long-métrage. Et certaines scènes ont dû être tournées plusieurs fois, mais nous seuls le savons. »
Ce bon vivant avait pourtant le moral en berne peu de temps auparavant : à cause du couvre-feu alors en vigueur, il n'a pas pu organiser sa traditionnelle fête d'anniversaire avec ses amis. Aussi le tournage du 29 mai est-il tombé à point : le jour même de son anniversaire, l'un des plus originaux de sa vie, confie-t-il, séduit lui-aussi par cette expérience.
Pour se laisser soi-même surprendre par cette aventure urbaine au-delà des clichés, la vidéo, également diffusée sur les réseaux sociaux, est à voir ici :
Auteure : Anne Vouaux