Le mois de novembre alsacien est cette année rythmé par les commémorations : Strasbourg célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a 80 ans.
Devoir de mémoire, souvenirs et commémorations marquent la fin de l’année 2024. En effet, il y a 80 ans, Strasbourg redevenait française, après un conflit planétaire dont les survivants sont aujourd’hui très peu nombreux.
L’Etat, la Ville et les musées de Strasbourg ont établi un programme qui met en lumière ces moments historiques.
Parce que si nous avons à l'esprit les images de liesse et le drapeau de la Libération flottant sur la cathédrale de Strasbourg, commémorer ce 80e anniversaire est aussi l’occasion de se souvenir, d’évoquer des dates et des chiffres qui font froid dans le dos… Les discours de commémoration évoquent d’ailleurs fréquemment les guerres passées et actuelles, faisant des ponts entre les époques. Aux origines de la Seconde Guerre mondiale : l'invasion de la Pologne par Hitler en septembre 1939.
L’INA estime qu’environ 130 000 jeunes Alsaciens et Mosellans ont été incorporés de force dans l'armée allemande et que 40 000 ne sont jamais rentrés. Ce conflit mondial aura fait 50 millions de morts à travers le monde, majoritairement des civils.
Strasbourg évacuée
En Alsace, parmi les dates marquantes, celle du 2 septembre 1939, lorsque l’évacuation de la ville est ordonnée. Parmi les 120 000 personnes qui quittent la capitale alsacienne, l’équipe de l’Administration municipale sous la direction de M. Naegelen, adjoint au maire-délégué. Tous partent pour le sud-ouest de la France, du côté de Périgueux. Le maire Charles Frey, quelques élus, des civils indispensables au fonctionnement de la ville et le personnel des détachements militaires restent à Strasbourg. Les archives mentionnent 3500 personnes. Ce qui fait que le 19 juin 1940, lorsque la ville est envahie, c’est une cité abandonnée qui est annexée. Ensuite, à partir de juillet 1940, une partie de la population évacuée retourne dans ses foyers, pour vivre sous le régime du national-socialisme.
En mai - juin 1940, la capitale alsacienne est largement détruite. En effet sur les 170 ponts de la ville, 32 seront détruits par les opérations militaires.
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la ville bombardée
En juin 1940, une trentaine d’obus tombe sur le faubourg du Neuhof, le quartier de la Robertsau est également endommagé. “Longtemps épargnée, Strasbourg subit des attaques aériennes massives, en 1943 et 1944. Au total on dénombre 1698 immeubles complètement détruits, 17739 bâtiments endommagés” lit-on dans les Archives de Strasbourg. (source : Compte-rendu de l’administration, 1935-1945, Archives de Strasbourg BA 4)
“Nos belles couleurs flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg”
Pendant ces heures sombres, loin des frontières alsaciennes, depuis le démarrage du conflit, s'organise la Résistance. Dès 1941, dans un discours resté célèbre, Strasbourg, ville emblématique est citée : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est avec ces mots que le colonel Philippe Leclerc prête serment, après la prise de Koufra, en Libye, le 2 mars 1941. Avec la 2e Division Blindée, il mène ce qui s’apparente à une épopée, depuis l’Afrique Équatoriale, jusqu’à la libération de Strasbourg le 23 novembre 1944.
Le Musée Historique de Strasbourg a réuni des objets emblématiques pour retracer cette page historique : le fanion de la Sahariana di Cufra et le drapeau de la Libération de Strasbourg, hissé au sommet de la cathédrale.
La division Leclerc
Et c’est le 23 novembre 1944 que les premiers blindés de la division du Général Leclerc entrent dans Strasbourg. Après avoir traversé les Vosges, les troupes françaises arrivent par Schiltigheim, et traversent la ville depuis la place de Haguenau. Cependant, des contre-offensives sont encore menées dans la région à ce moment-là. La première Armée Française défend la zone. Et cinq mois plus tard, le 16 avril 1945, le Général de Lattre de Tassigny entre dans Strasbourg, depuis la ville de Kehl, mettant fin à toutes les menaces ennemies. (Source : Compte-rendu de l’administration, 1935-1945, Archives de Strasbourg BA 4).
La Division Leclerc libère Strasbourg le 23 novembre 1944
32 ponts strasbourgeois sont détruits par les opérations militaires
La population accueille l’armée dans les rues de la ville
Les différentes sources : histoirealacarte.com, strasbourg.eu, defense.gouv.fr, archives.strasbourg.eu, cheminsdememoire.gouv.fr, musees.strsabourg.eu.
Le programme du musée historique
Durant le week-end des 23 et 24 novembre 2024, le musée historique de Strasbourg est gratuit pour tous. Voici le programme du musée, à l’occasion des cérémonies nationales du 80e anniversaire de la Libération de Strasbourg :
- Le 09.11 - Strasbourg 1870-1945, au travers des collections du musée, retour sur les conflits avec l’Allemagne.
- Le 16.11 - L’Alsace terre de conflits. Du XVIIe au XXe siècle, une visite pour comprendre comment naissent les conflits.
- A partir du 23.11 - Diffusion audio des lauréats du concours d’écriture “La Marseillaise est à nous”
- A partir du 16.11 : Lectures musicales avec Pauline Leurent, Anne Ayçoberry et Olivier Touratier.
De Sainte-Mère-l’Église à Strasbourg, via Paris Évadé d’Alsace dès 1941, Arthur Kaiser réussit à rejoindre la 2e DB. Il rejoint l’Afrique du Nord et commence un périple guerrier qui le mène en Angleterre, sur les plages du débarquement pour enfin regagner sa région natale.
La libération heure par heure. Sur un cahier d’écolier, au jour le jour, heure par heure presque, la Strasbourgeoise Monique Weber, vingt- et-un ans, a consigné ses observations et réflexions lors de la libération de Strasbourg. Ce témoignage précis et enthousiaste rappelle bien l’état d’esprit de la population libérée.
La prise de Strasbourg par le commandant Rouvillois. Le lieutenant-colonel Rouvillois fait émettre la célèbre phrase de code pour prévenir les forces alliées que Strasbourg est aux mains des Français.
- A partir du 23.11 - Coups de projecteur : la vie des Strasbourgeois·es sous la botte nazie ; Leclerc de l’oasis de Koufra à Paris ; la libération de Strasbourg et son drapeau.
Musée Historique - 2 rue du vieux Marché aux Poissons - 67000 Strasbourg
Auteure : Julie Friedrichs
Rédactrice chez Batorama depuis juin 2021
A propos de l'auteur
Ma journée type à Strasbourg ? Prendre l'air à l'Orangerie, profiter d'une terrasse place du Marché Gayot, flâner le long des quais et faire un tour en bateau-promenade !