Manon Venera, brodeuse de pièces uniques 

Spécialisée dans la broderie sur-mesure à la main, Manon Venera peut broder chaque pièce de votre dressing, des sneakers au tee-shirt en passant par le sweat-shirt. Entretien avec une Strasbourgeoise qui allie avec brio "street culture" et artisanat.

Depuis quand remonte votre passion pour la broderie ? 

J’ai toujours brodé depuis petite. Cela a toujours fait partie de mon quotidien. Cela m’a toujours suivi. J’ai d’abord étudié dans le domaine de la communication, puis j’ai commencé à travailler dans l’organisation d’événements pour la Fnac à Paris. Mais j’avais toujours au fond de moi cette envie de développer quelque chose à moi. Un jour, j’ai déménagé à Strasbourg. C’est ici que j’ai véritablement créé ma marque. 

Comment votre concept est né ? 

J’ai toujours baigné dans la culture de la sneaker. Mon grand-frère m’a transmis cela, avec nos premières Air Max que j’ai commencé à customiser. Puis ça a continué comme ça. On trouvait ça cool. Je ne pensais pas au départ en faire un produit à vendre. Des gens me demandaient souvent où j’avais eu telle ou telle paire. Nous étions dans les années 1990, nous écoutions du hip-hop. C’était l’explosion de la sneaker. Et depuis une dizaine d’années, on voit bien que la basket est partout, dans tous les milieux, même au travail, dans les bureaux. 

« J’ai eu le déclic dans une grande enseigne des Champs-Elysées »

Quand vous êtes-vous véritablement lancée ? 

Il y a plus de dix ans, j’ai eu le déclic dans une grande enseigne des Champs-Elysées où je suis tombée nez à nez devant une paire d’Air Max. J’ai tout de suite voulu lui apporter ce que je savais faire de mes mains. C’est-à-dire broder. A ce moment-là, il s’agissait davantage d’un défi car je n’avais pas la technique. Mais je les porte encore aujourd’hui. Quand j’ai décidé d’en faire un vrai projet, il fallait valider mes compétences par une formation. Je me suis d’abord formée aux techniques du fil et de l’aiguille au Lycée Octave Feuillet à Paris, un lycée spécialisé dans les métiers de la mode, avant de créer le Studio de broderie By M.V en 2014. En 2023, j’ai ensuite appris les techniques exigeantes de la Broderie d’Or au près d’une maître d’art.

 Manon propose des pièces imaginées en direct avec ses clients © Laura Lopez Studio
 Manon propose des pièces imaginées en direct avec ses clients © Laura Lopez Studio

Où en êtes-vous aujourd’hui ? 

Désormais brodeuse professionnelle à mon compte, je réalise de la broderie main sur sneakers et vêtements, à la commande. Je me suis rendu compte très vite qu’il y avait peu de personnes qui brodaient sur des Converse par exemple. Cela m’a permis assez rapidement de me démarquer puis de travailler pour Nike, Adidas et d’autres grandes marques sur de l’événementiel afin de personnaliser les sneakers et vêtements de leurs clients. J’ai ensuite rencontré l’association Sneakers Empire sur Strasbourg. Chaque mardi, de 20h à 21h, ils animent une émission de radio 100% dédiée à la culture des sneakers sur radio RBS. Les rencontrer permet de garder une dynamique, de développer de nouveaux projets.

« Je reçois beaucoup de demandes pour broder des dates, des initiales »

Comment passer commande ? 

Alors, en effet, 80% de mon travail est sur commande. Je n’ai pas trop d’intérêt à réaliser des chaussures ou des vêtements en avance. J’en fais car je teste la technique, je fais des essais. Mais pour une chaussure par exemple, on me fournit la paire, idem pour le textile. Et ensuite on travaille sur le désir du client.

 

Je m’adapte à chaque demande. Mises à part certaines mini séries textiles, chaque pièce est unique et créée en étroite collaboration avec son futur propriétaire. Les créations vont de mini initiales à la reproduction d’œuvres d’art. C’est pourquoi on parle de pièces uniques créées sur commande avec son futur acquéreur. Cela fonctionne beaucoup pour les mariages. Je reçois beaucoup de demandes pour broder des dates, des initiales, etc. Je travaille également beaucoup avec les sportifs, j’ai déjà brodé des pointes d’athlétisme, les crampons du rugbyman Antoine Dupont pour Adidas, ainsi que la raquette du tennisman Jo-Wilfried Tsonga. J’ai adoré ces expériences. La dualité entre sport et artistique, j’adore. 

Pouvons-nous retrouver certains modèles en boutique ? 

Oui, je vends certains modèles depuis 7 ans au Générateur, une boutique de créateurs située rue Sainte-Madeleine à Strasbourg. Sur place, on retrouve un vivier de créateurs locaux avec une très belle sélection : des illustrateurs, des céramistes, des bijoutiers. Là-bas, je vends des tee-shirts et des casquettes brodés main en fonction des saisons.

« Tous les supports peuvent être concernés »

Participez-vous à des événements en parallèle de votre travail en atelier ? 

Tout à fait, je sors souvent de mon atelier pour collaborer avec des maisons, marques et grands magasins pour les temps forts commerciaux ou événementiels. Je vais en boutique, dans des salons spécialisés, dans des soirées privées, des événements presse, pour personnaliser des modèles en direct. Tous les supports peuvent être concernés : maroquinerie, sneakers, textile, maille, papeterie. Selon les événements, je propose un contenu adapté : une planche de visuels pour un lancement presse, de la typographie pour personnaliser les achats des clients ou encore la création d’un atelier broderie pour enseigner les bases. Ces ateliers plaisent généralement à des entreprises qui organisent des workshops ou des team building. J’aime bien transmettre mon savoir-faire, c’est très intéressant. Lors de ces événements, je sais m’adapter pour que le travail de broderie puisse être réalisé dans un temps raisonnable et puisse être offert immédiatement. Je me déplace partout en France et à l’étranger. Il ne faut pas hésiter à me contacter pour un projet créatif ou d’animation.

Un dernier mot pour conclure ? 

Je suis très heureuse aujourd’hui d’apporter ce savoir-faire artisanal à une culture dite urbaine au travers des pièces qui ont toujours fait partie de mon quotidien. Selon les moments de l’année, mon activité est très diversifiée. N’hésitez pas à entrer en contact avec moi !

INFOS PRATIQUES :

Recueilli par Florian Dacheux 

Rédacteur chez Batorama depuis mai 2021

A propos de l'auteur

Passionné par l'écosystème du fluvial depuis son enquête sur l'univers méconnu des bateliers au printemps 2021, Florian est depuis auteur pour le blog. Unique ville de France où une rue porte son patronyme (rue Léon Dacheux), la douceur de Strasbourg l'a toujours attiré. Il se laisserait bien tenter comme vous par un apéro vins/fromages à bord de NAO !


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