Le parc de l’Orangerie, un gigantesque paradis de verdure, de romantisme et d’histoire à deux pas du centre-ville
Le Parc de l’Orangerie, c’est l’un des lieux préférés des Strasbourgeois qui aiment s’y rendre lorsque les beaux jours pointent le bout de leur nez. Situé aux abords de la ville, à côté des institutions européennes, c’est un des plus vieux et des plus vaste parc de la ville, et même les plus anciens habitants s’y perdent parfois tant il est agréable d’y flâner. On vous présente ce lieu magnifique, chargé d’histoire que la taille et la richesse rendent si unique dans notre région.
Ah le parc de l’Orangerie, avec ses 26 hectares, ses étendues d’herbe verte, son zoo (désormais fermé), son pavillon, son lac et ses pédalos, c’est une parenthèse de nature et de calme dans la ville.
Situé dans le quartier de la Neustadt, la partie de la ville étendue par les autorités allemandes pendant la période d’annexion de l’Alsace-Lorrainede 1871 à 1918, c’est LE poumon de la ville, et bien évidemment, depuis sa création au XVIII ème siècle, son visage a bien changé. Mais alors, pourquoi l’appelle-t-on l’Orangerie ?
Des arbres à fruits mais pas seulement. Petit retour dans le passé
Si le nom L’Orangerie est passé dans le vocabulaire courant pour tout un chacun, sans que l’on y fasse réellement attention, il est bon de se rappeler qu’il évoque bel et bien l’arbre fruitier originaire de Chine. Mais avant de porter ce nom, le parc tel qu’on le connaît aujourd’hui a traversé les époques et l’Histoire.
Au départ, aux alentours des années 1700, les autorités royales ( Strasbourg n’est française que depuis quelques 20 ans), en lien avec les anciens haras de Strasbourg, demandent à la ville d’obtenir un lieu qui servirait à la promenade de leurs chevaux.
À l’emplacement du parc actuel, deux axes de promenade bordés de tilleuls et d’ormes sont dessinés, l’un vers la citadelle et l’autre vers le fort de Kehl, ce sont les prémisses du parc que nous connaissons aujourd’hui.
Dès 1735, la promenade en question apparaît sur le plan de l’ingénieur et cartographe Antoine du Chaffat, mais certains strasbourgeois se plaisent à penser que ce serait André Le Nôtre, roi des jardiniers et jardinier du roi, qui en aurait posé les bases. Le débat reste ouvert et il importe peu dans notre récit d’aujourd’hui.
La révolution et son cadeau fruité
Pendant la Révolution française de 1789, les révolutionnaires font main basse sur le château de Bouxwiller (à une cinquantaine de kilomètres au nord de Strasbourg) et volent pas moins de 138 orangersaux Hesse-Darmstadt, famille de la noblesse allemande, propriétaires du château en question que la princesse Caroline transforme en un petit Versaille alsacien réputé pour ses jardins à la française. On imagine qu’à l’époque, ces arbres devaient être d’une rareté insoupçonnée. D’ailleurs, Louis XIV lui-même les collectionnait.
Les révolutionnaires tentent alors de vendre ces orangers à la Ville de Strasbourg qui décline l’offre, pour des raisons de frais d’entretien et de place, il s’agit d’un cadeau empoisonné.
Puis ils décident d’offrir la collection d’orangers à la Ville, (certains faisaient près de 4 mètres de haut) et celle-ci finit par accepter l’offre (l’Histoire prouvera qu’ils ont bien fait).
Mais alors, que va-t-on faire de tous ces orangers ? L’histoire méconnue du Pavillon Joséphine
Comment la Ville allait t’elle faire pour stocker et conserver tous ces arbres rares ? Très vite, les autorités décident de créer une immense serre pour tous les abriter, mais où allait-on la construire ?
Après réflexion, la Ville pense à cette promenade un peu extérieure à la ville qui existe depuis la fin du XVII ème siècle, la même où les cavaliers promenaient leur monture.
Il y a de la place, de la verdure, c’est un véritable lieu de villégiature pour toute une partie de la population locale qui aime se promener dans ses allées soigneusement entretenues, comme tout bon jardin à la française. C’est le lieu parfait par installer la serre.
On construit alors ce que l’on appelait à l’époque « L’Orangerie », qui n’est autre qu'une gigantesque serre qui servira à abriter ces arbres mais aussi des myrtes et des lauriers roses, eux aussi en provenance du château de Caroline de Hesse-Darmstatt.
En 1806, deux ans après sa création, le parc de l’Orangerie recevra la visite de l’impératrice Joséphine (femme de Napoléon Bonaparte et impératrice des Français de 1804 à 1809 et reine d'Italie de 1805 à 1809).
Et c’est à cette date, en 1809, qu’une fête est organisée en son honneur et que le bâtiment de l’Orangerie (la serre) se transforma en Pavillon Joséphine, un nom qui persiste encore aujourd’hui.
Un parc qui s’ouvre, se transforme et s’équipe pour devenir LE lieu de rendez-vous de toute la population et de toutes les classes sociales
Au fil du siècle, le parc est aménagé et largement agrandi, et c’est en 1832 que son ADN change passant d’un jardin à la française, symétrique, régulier et parfait, à un jardin à l’anglaise plus naturel et plus irrégulier qui laisse davantage la nature s’exprimer.
Le chemin royal de L’Orangerie, strict, sans bavure et taillé à la perfection, change alors de visage pour devenir un lieu où l’on vit, où l’on flirt et où le peuple s’adonne à des activités extérieures en toute insouciance comme on peut le faire aujourd’hui. C’est un véritable tournant dans l’histoire du parc.
La configuration du parc va encore changer avec l’exposition industrielle et artisanale de 1895 qui prend ces quartiers dans le parc. La fin du XIXe siècle connaît en effet un attrait tout particulier pour les grandes expositions démontrant le savoir-faire des nations du monde. C’est l’époque des expositions universelles dont celle de 1889 à Paris qui verra naître la Tour Eiffel. L’exposition de 1895 laisse des traces comme le lac, le zoo ou encore l’ancienne ferme devenue plus tard le restaurant étoilé le Burehiesel.
La vie suit son cours, deux guerres passent, et en 1968 les derniers arbres de L’Orangerie sont malheureusement brûlés dans un incendie accidentel, le bâtiment originel étant principalement construit en bois. Le pavillon actuel est inauguré en 1972.
Aujourd’hui, 25 orangers ont été réimplantés juste en face du pavillon Joséphine, tandis que 5 autres arbres plus anciens sont conservés à l’abri des regards et du public par une équipe de paysagistes passionnés et entièrement dévoués à leur métier.
On a hâte que le printemps pointe à nouveau son nez pour apprécier à nouveau la beauté de ce lieu à l’ambiance suspendue et à la sérénité si précieuse. Cc’est un lieu coup de cœur décidément immanquable à Strasbourg.
Auteur : Bastien Pietronave